PARIS (Reuters) - Le Front national a rejeté à nouveau lundi tout lien entre son emprunt de neuf millions d'euros auprès d'une banque russe qui lui vaut de vives critiques et ses positions pro-Russie dans le débat politique.
Sa présidente, Marine Le Pen, qui avait justifié ce prêt par le refus de banques françaises et européennes, a dévoilé les lettres de certaines d'entre elles.
"Allez, je vais le faire, banco ", avait-elle annoncé dimanche sur le plateau de BFM-TV alors qu'on lui demandait si elle comptait publier ces refus. "Ce n'est pas moi qui en serai victime, mais les banques françaises".
Cinq banques citées par la chaîne ont rejeté entre juin 2013 et juillet 2014 la demande du FN, qui réclamait initialement un prêt de 5 millions d'euros.
"Nous prêtons aux particuliers, pas aux entreprises", répond UBS France. "Par principe de neutralité, nous ne finançons pas de formations politique", annonce pour sa part le Crédit Mutuel. Le Crédit Agricole répond que "les opérations de financement de la clientèle sont assurées par les Caisses régionales", tandis que le CIC rétorque souhaiter s'en tenir "à un principe de neutralité".
Dans les demandes de prêt, le trésorier du parti, Wallerand de Saint-Just, explique aux banques que son parti a vu ses dépenses s'accroître sensiblement en raison de son développement. Et qu'au mois de juin 2013, le parti accuse un déficit de plusieurs millions d'euros correspondant à ce qu'il a dû emprunter pour vivre "depuis un an".
Marine Le Pen répondait à l'interpellation du Premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, l'accusant de mentir. "Vladimir Poutine vous finance parce que vous êtes un pion dans sa stratégie pour faire éclater l'Europe", a-t-il déclaré.
L'ex-dirigeant UMP Xavier Bertrand a également avancé sur RTL que Marine Le Pen est une "menteuse" et qu'il fallait "qu'elle s'explique".
Marine Le Pen a répété lundi que la banque russe ayant accordé le prêt de neuf millions d'euros à son parti était privée et qu'elle n'aurait pas fixé un taux relativement élevé de 6% s'il s'agissait d'un geste politique.
(Gérard Bon)