Les Suisses ont accepté dimanche par référendum une loi prévoyant une augmentation des cotisations pour l'assurance chômage ainsi qu'une réduction des prestations pour les chômeurs.
Les électeurs helvétiques qui étaient appelés à se prononcer sur la quatrième révision de la loi sur l'assurance chômage, ont approuvé à une majorité de 53,4% (bien 53,4%) une augmentation du taux de cotisation, qui passe de 2 à 2,2% et dont le poids sera réparti entre employeurs et employés.
La nouvelle loi doit permettre, selon le gouvernement, d'assainir les finances de l'assurance chômage (dont la dette atteint 7 milliards de francs, soit 5,3 milliards d'euros) mises à mal après une forte augmentation du nombre de chômeurs en 2009 en raison de la crise.
Le taux de chômage helvétique a culminé en janvier à 4,5%, un niveau relativement bas comparé aux voisins européens de la Suisse. Ce taux a en outre baissé depuis le début de l'année et atteignait 3,6% en août.
Soutenue par la droite, la révision de la loi a suscité les critiques des partis de gauche et des syndicats qui ont demandé le référendum, estimant qu'elle amènera les travailleurs à cotiser plus et plus longtemps pour des prestations rognées.
Aux termes de la nouvelle loi, la durée d'indemnisation est alignée sur le temps de cotisation. Pour obtenir les 18 mois d'indemnités prévus par la loi, les chômeurs devront cotiser pendant la même période, soit six mois de plus qu'actuellement.
Le texte réduit également la marge de manoeuvre des cantons dont certains subissent des taux de chômage plus élevés que la Confédération et qui ne pourront plus prolonger le nombre de jours d'indemnités en temps de crise. De même le chômage partiel ne pourra être prolongé.
Les jeunes sont les plus visés. Les moins de 30 ans seront notamment tenus d'accepter un emploi même s'il ne correspond pas à leur formation.
Le président du comité à l'origine du référendum, Thomas Näf, interrogé par l'agence suisse ATS, a regretté le vote de dimanche, qui va aboutir, selon lui, à augmenter les conditions de travail précaires. Les chômeurs bénéficiant d'une aide sociale devront désormais "accepter n'importe quel travail sans qu'il soit tenu compte de leurs qualifications", a-t-il expliqué.
Le Parti socialiste a également déploré l'issue du vote, malgré le non ferme qui l'a emporté en Suisse romande où, a-t-il souligné dans un communiqué, "la situation économique est plus difficile et où un véritable débat a été mené sur la nécessité d’une assurance chômage solide".
Selon le Parti suisse du travail (PST-POP), la nouvelle loi va permettre "aux employeurs de baisser les salaires et de détériorer les conditions de travail".
"C’est un échec dans la lutte contre le démantèlement social en Suisse", a estimé le parti dans un communiqué.