par Markus Wacket
BERLIN (Reuters) - Les contribuables allemands pourraient devoir payer des milliards d'euros pour la fermeture des centrales nucléaires dans le pays, les plans actuels de financement mis en place par les groupes de services aux collectivités risquant de s'avérer insuffisants, montre un rapport commandé par le gouvernement et consulté par Reuters vendredi.
Au moins une partie des 36 milliards d'euros de provisions constitués par les quatre grands opérateurs nucléaires en Allemagne devrait passer sous le contrôle du gouvernement, selon les recommandations du rapport effectué par le cabinet d'avocats Becker Buettner Held.
"Le besoin de financement à long terme ne peut être garanti si les fonds sont aux mains des opérateurs" ajoute le rapport, invitant à des versements de provisions dans un fonds public.
E.ON (XETRA:EONGn), RWE (XETRA:RWEG), EnBW et Vattenfall, les quatre grands entreprises allemandes de services aux collectivités, ont prévu d'arrêter leurs centrales nucléaires d'ici 2022 -un délai fixé après la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011- et de payer pour le stockage des déchets.
"PROVISION APPROPRIÉE"
Un porte-parole d'EnBW a dit que la société allait examiner le rapport et procéder à une évaluation.
Un porte-parole d'E.ON et une porte-parole de RWE ont pour leur part affirmé que le montant des provisions pour la sortie du nucléaire et le traitement des déchets était approprié.
Selon le porte-parole de la première société allemande de services aux collectivités, E.ON a provisionné au total 16,6 milliards d'euros en 2014 contre 15,8 milliards un an plus tôt.
La porte-parole de Vattenfall a de son côté dit que le système de provisions allemand était fiable et sous le contrôle des comptables et des administrations financières, qui sollicitent en permanence le conseil d'experts externes afin d'ajuster le besoin de financement.
Les décisions des tribunaux au niveau national et de l'Union européenne ont constaté que le système est conforme aux directives de la concurrence et aux exigences en termes d'efficacité, a-t-elle ajouté.
Le groupe a provisionné en 2013 3,5 milliards d'euros pour les réacteurs de Brunsbuettel et Krümmel et n'a pas encore communiqué sur ses provisions pour 2014.
Mais des inquiétudes demeurent au sujet du financement, y compris sur ce qui se passerait en cas de faillite d'un des "Big four".
Les bénéfices des entreprises de services aux collectivités sont déjà affectés par la conversion de l'Allemagne aux énergies propres comme le solaire et l'éolienne.
Le gouvernement devrait envisager des mesures juridiques qui obligeraient les sociétés mères des exploitants de centrales nucléaires à assumer leur responsabilité en cas de la faillite, dit le rapport.
"Le rapport du gouvernement, plaide clairement pour un fonds public, comme nous l'avons demandé", a déclaré Sylvia Kotting-Uhl, la porte-parole pour le nucléaire des Verts allemands. "Il ne s'agit plus de savoir s'il faut le faire mais comment le faire", a-t-elle ajouté.
Le ministre allemand de l'Economie Sigmar Gabriel a dit aux élus sociaux-démocrates du SPD qu'il voulait faire passer un test de résistance aux bilans des exploitants des centrales nucléaires, visant à s'assurer que les provisions étaient adéquates.
Le ministre souhaite également la création d'un dispositif pour les passifs nucléaires en cas de restructuration des entreprises.
(Markus Wacket; Claude Chendjou pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)