par Jessica Chen
PARIS (Reuters) - Paris s'est officiellement lancée mardi dans la course à l'organisation des Jeux olympiques de 2024 qu'elle espère organiser un siècle après les avoir accueillis, en misant sur la mobilisation du monde sportif.
La candidature de la capitale française ne faisait plus de doute depuis que le Conseil de Paris l'avait soutenue à une très large majorité en avril, convaincu s'il le fallait par un rapport d'opportunité remis en début d'année.
"En se déclarant candidate pour l'organisation des Jeux olympiques et paralympiques de 2024, Paris va au-devant de son avenir tout en étant fidèle à son Histoire", a déclaré la maire de Paris lors d'une conférence de presse.
"Un siècle après les Jeux olympiques de 1924, c'est une nouvelle aventure collective qu'il s'agit d'écrire ensemble", a ajouté Anne Hidalgo, qui a insisté sur la "sobriété financière et écologique" du dossier français.
Si elle était chargée de lancer la candidature en sa qualité de maire, Anne Hidalgo ne devrait pas être en première ligne.
Les élus et autres promoteurs de "Paris 2024" ont tiré les leçons de l'échec de la candidature pour 2012 face à Londres et entendent mettre en avant la population d'une part et les sportifs d'autre part.
"Cette candidature sera celle de la mobilisation de notre pays. Vouloir les Jeux, c'est vouloir partager un grand événement. C'est le réaliser ensemble", souligne François Hollande dans un communiqué.
Une centaine d'athlètes dont les champions olympiques Teddy Riner (judo), Marie-José Pérec (athlétisme) ou Renaud Lavillenie, étaient présents au siège du Comité national olympique et sportif français (CNOSF) derrière celui qui sera le porte-voix de la candidature, Tony Estanguet.
Le triple champion olympique de canoë, membre du Comité international olympique (CIO) dont il faudra convaincre les 104 membres, sera l'homme fort de "Paris 2024" aux côtés de Bernard Lapasset, président de la Fédération internationale de rugby.
DÉCISION EN 2017, À LIMA
"On a vraiment une communauté d'athlètes incroyable aujourd'hui", a dit Tony Estanguet. "On compte énormément sur ce réseau d'athlètes parce qu'ils sont légitimes, ils sont compétents pour parler des Jeux qu'ils connaissent bien."
"On va les utiliser pour constituer le meilleur dossier, le dossier gagnant, on va travailler avec eux pour partager ce dossier avec la population française, et bien évidemment, on va travailler avec les athlètes pour faire la promotion à l'international."
Symbole de cette mobilisation, Paris avait choisi pour se lancer le 23 juin, date à laquelle Pierre de Coubertin avait décidé de relancer les Jeux en 1894.
"Partout dans le monde aujourd'hui, on célèbre la date de l'olympisme. Ça, c'est fabuleux, donc c'était l'occasion pour nous de montrer notre attachement à l'olympisme. C'est vraiment donner du sens à ce qui va porter notre ambition jusqu'en 2017", a dit Bernard Lapasset.
Paris aura fort à faire face à une concurrence partiellement connue : Rome, Hambourg et Boston devraient être candidates. D'autres ont le temps de se déclarer puisque la signature du premier document officiel aura lieu le 15 septembre.
La prédominance du mouvement sportif vise à ne pas connaître encore l'échec des Jeux 2012, lorsque Londres avait devancé Paris, pourtant favorite, grâce à un projet axé sur les jeunes et à un lobbying plus intense.
Le rapport remis en février par Bernard Lapasset et Denis Masseglia, président du CNOSF, prévoit un budget pour les Jeux de 6,2 milliards d'euros, dont trois quarts viendraient du CIO ou du privé, le public finançant les infrastructures.
Parmi celles-ci, le principal chantier sera celui du village olympique, un ensemble d'une dizaine de milliers de lits dont il faudra savoir assurer la proximité avec les sites sportifs -- et la reconversion. Beaucoup d'élus le voient bien s'installer en Seine-Saint-Denis.
La Courneuve fait partie des communes citées pour peut-être l'accueillir, tout comme Pantin, qui aurait les faveurs du candidat socialiste aux régionales en Ile-de-France, Claude Bartolone, selon une source au fait du dossier.
La candidature doit maintenant passer par plusieurs étapes formelles dont les principales seront la signature du document de "procédure d'acceptation des candidatures", le 15 septembre, l'envoi du dossier aux villes retenues en mai 2016 et le vote du CIO à l'été 2017 lors du Congrès qui aura lieu à Lima, au Pérou.
(Avec Grégory Blachier, édité par Sophie Louet)