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Crise de la filière porcine: une semaine cruciale pour l'avenir

Publié le 16/08/2015 09:17
Des porcs dans une exploitation porcine bretonne, le 11 août 2015 à Ploneour-Lanvern (Photo FRED TANNEAU. AFP)

Des porcs dans une exploitation porcine bretonne, le 11 août 2015 à Ploneour-Lanvern (Photo FRED TANNEAU. AFP)

Les acteurs de la filière porcine ont rendez-vous dès lundi au ministère de l'Agriculture pour tenter de trouver une issue à la crise de la filière qui a connu la semaine passée un nouveau rebondissement avec la suspension de la cotation au Marché du porc breton (MPB).

Cette fois, ce ne sont pas les producteurs de porc qui ont relancé la tension, mais la Cooperl et Bigard, deux des principaux acheteurs du MPB, où est établi le prix de référence national.

Pour tenter de mettre fin à la crise de l'élevage porcin et après plusieurs actions coup de poing d'éleveurs au printemps, le gouvernement avait à la mi-juin préconisé un prix d'achat du porc à 1,40 euro/kg (la moyenne du coût de production), un prix finalement atteint le 23 juillet au MPB de Plérin (Côtes-d'Armor).

Mais ce prix, "le plus élevé d'Europe", selon le syndicat des industriels de la viande (SNIV-SNCP), n'est pas du goût des entreprises de découpe et de transformation, qui doivent faire face, à l'export, aux distorsions de concurrence générées par les différences de charges sociales et de normes environnementales entre pays de l'UE.

Sur le marché européen, déstabilisé par l'embargo russe, l'Allemagne propose du porc moins cher de 28 centimes au kilo par rapport au cours français, et les Pays-Bas 38 centimes moins cher, a souligné la coopérative Cooperl, leader en France sur le marché du porc et qui exporte 35% de sa production.

Du coup la coopérative, qui représente 19% des achats au MPB, y a brutalement suspendu ses achats, se refusant à financer "un cours +politique+ pour soutenir la production porcine française".

Même réaction de Bigard/Socopa, le groupe leader du marché de la viande en France, qui représente 7% des achats au MPB.

Bigard et la Cooperl (qui achète 10% des porcs dont elle a besoin au MPB, le reste étant fourni par ses 2.700 adhérents) ne se sont pas présentés aux séances de cotation de la semaine: ni lundi, ni jeudi, jours habituels, ni vendredi lors d'une séance organisée exceptionnellement pour sortir de la crise.

En leur absence, les cotations n'ont pu avoir lieu, privant les éleveurs français d'un prix de référence pour leurs négociations avec les acheteurs.

- Table ronde -

Désormais les regards se tournent vers la table ronde prévue lundi après-midi au ministère de l'Agriculture. S'y retrouveront les responsables du MPB, les représentants des éleveurs mais aussi des entreprises d'abattage et de transformation.

"Cette table ronde va décider de la vie ou de la survie du Marché du porc breton, et évidemment, après ça, de la vie et de la survie de la filière porcine", a souligné vendredi le président du MPB Daniel Picart. La tenue d'un marché à Plérin a été reportée "aux conclusions de la table ronde", a-t-il précisé.

La Cooperl souhaite que soit décidé lors de cette table ronde, à laquelle elle sera représentée, "un retour à un prix de marché libre" qui soit établi en fonction de l'offre et de la demande, a-t-elle indiqué dans un communiqué diffusé samedi.

Elle a annoncé en outre qu'elle doit rencontrer mardi, avec Coop de France (qui représente les coopératives agricoles), le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll pour réclamer "des mesures concrètes et urgentes visant à abolir les distorsions de concurrence intra-européennes (...)".

Dans le même temps, manière de maintenir la pression sur le terrain, une conférence de presse avec des représentants des syndicats agricoles FRSEA et JA de Bretagne, Pays de la Loire et Normandie, les principaux bassins de production des porcs, est annoncée lundi en fin de matinée, à Rennes, au cœur des principaux bassins de la production porcine française.

En réaction à l'absence de cotation, les éleveurs ont organisé quelques actions symboliques la semaine passée, mais les responsables syndicaux ont appelé vendredi au calme jusqu'à l'issue de la réunion parisienne. "Après la table ronde, on ne pourra pas continuer à rester comme ça", a prévenu Didier Lucas, président de la FDSEA des Côtes-d'Armor

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