La petite banque privée allemande Berenberg, l'une des plus vieilles du monde, a créé la surprise en Allemagne en apparaissant dans l'affaire des Panama Papers, des révélations gênantes pour cet établissement vénérable et en pleine expansion.
Épargnée par les très nombreux scandales bancaires qui ont entaché les grands noms du secteur en Allemagne ces dernières années, Berenberg entretenait jusqu'à présent l'image d'une banque responsable, prudente et respectueuse de ses clients comme de ses salariés.
Une bonne réputation toutefois écornée depuis que son nom apparaît - aux côtés de celui d'autres banques allemandes comme Deutsche Bank (DE:DBKGn) et Commerzbank (DE:CBKG) - dans les Panama Papers, révélations sur des comptes offshore et mécanismes financiers douteux impliquant une kyrielle de personnalités et entreprises mondiales.
"Une des banques qui s'est particulièrement illustrée, à ma grande surprise, a par exemple été la banque Berenberg", a déclaré à la télévision allemande Georg Mascolo, l'un des journalistes à l'origine de ces révélations, projetant l'établissement sous le feu des projecteurs.
La chaîne allemande NDR, l'un des médias parties prenantes aux révélations, a évoqué des relations "particulièrement étroites" entre Berenberg et le cabinet d'avocats du Panama Mossack Fonseca.
Fondée en 1590 par les frères Hans et Paul Berenberg, exilés protestants néerlandais ayant trouvé refuge à Hambourg (nord de l'Allemagne), Berenberg fut à l'origine un commerce d'étoffes. Au fil du temps et des générations successives, la société finit par endosser ses habits de banquière.
- 'Comme beaucoup d'autres' -
Peu connue du grand public européen, la banque, qui emploie quelque 1.300 salariés, s'est taillée ces dernières années une solide réputation, multipliant les récompenses pour ses performances de courtage, son expertise sur les entreprises cotées ou encore en matière de levée de fonds.
"Nous sommes une petite maison et nous devons convaincre par la haute qualité de nos services. Dans certains secteurs, nous sommes en concurrence directe avec les grandes banques internationales", assure à l'AFP Hans-Walter Peters, l'un des deux associés-gérant à la tête de l'institut.
Consécration pour la banque, M. Peters préside depuis peu la BdB, la puissante fédération des banques allemandes. Mais la passation de pouvoir a coïncidé avec la publication des Panama Papers.
Selon le consortium de journalistes, la banque serait à l'origine via ses filiales luxembourgeoises et suisses d'une douzaine de sociétés écrans, sur les 1.200 structures de ce type attribuées à 28 banques allemandes, et de 76 comptes offshore domiciliés au Panama.
Il lui est aussi reproché des relations troubles avec certains clients, notamment un individu supposément proche du mouvement libanais Hezbollah ou encore un Colombien soupçonné de liens avec le trafic de drogue.
Berenberg a reconnu gérer des comptes pour des sociétés offshore, "comme beaucoup d'autres", mais assure le faire "conformément aux règles légales".
- Forte croissance -
Les révélations laissent toutefois un goût amer. Et certains voient un possible effet collatéral d'une croissance exponentielle des effectifs et des revenus ces dernières années.
"Il y a eu une forte hausse du personnel. La culture d'entreprise se modifie. Réussir à conserver son éthique sera l'un des défis à surmonter pour la banque", confie à l'AFP un expert du secteur financier sous couvert d'anonymat.
En dix ans, Berenberg a plus que triplé son chiffre d'affaires, doublé ses bénéfices, et recruté près d'un millier de nouveaux collaborateurs.
Tout en cultivant jalousement son image de maison de tradition, la banque compte désormais 19 succursales dans le monde, réparties entre Hambourg, Francfort, Londres, Zurich ou encore New York, et veille sur pas moins de 40 milliards d'euros d'actifs.
Celle qui revendique le titre de plus vieille banque allemande s'offre dorénavant le luxe d'être l'établissement bancaire le plus généreux d'Allemagne avec son personnel. En 2015, la rémunération brute moyenne y a été de 140.000 euros, contre 131.000 euros chez Deutsche Bank, le géant allemand du secteur.