NEW YORK (Reuters) - Donald Trump se dit prêt à parler au dirigeant nord-coréen Kim Jong-un pour le convaincre de renoncer à son programme nucléaire s'il est élu en novembre à la présidence des Etats-Unis.
Dans un entretien accordé mardi à Reuters, le candidat à l'investiture républicaine propose en outre de renégocier l'accord de Paris sur le réchauffement climatique conclu en décembre et condamne l'implication de la Russie dans l'est de l'Ukraine.
"Je lui parlerais. Lui parler ne me poserait aucun problème", dit-il au sujet de Kim Jong-un, ce qui constituerait un revirement de taille pour Washington.
"En même temps, j'exercerais de fortes pressions sur la Chine parce que nous avons un énorme pouvoir économique sur elle", poursuit le milliardaire new-yorkais dans l'interview, accordée dans les bureaux de la Trump Tower, à Manhattan.
Sa disposition à rencontrer Kim contraste avec la politique de Barack Obama consistant à s'appuyer sur de hauts responsables américains pour s'adresser aux dirigeants nord-coréens.
L'ex-secrétaire d'Etat Hillary Clinton, favorite de la course à l'investiture démocrate pour l'élection du 8 novembre, a estimé que Donald Trump cultivait une "étrange fascination" pour les dirigeants autoritaires étrangers.
Le milliardaire new-yorkais dit par ailleurs ne "pas être un chaud partisan" de l'accord de Paris sur le climat.
Ce texte, qui jette les bases d'une maîtrise des émissions de gaz à effet de serre à l'origine des dérèglements climatiques, a reçu l'approbation de 195 pays et a été signé le 22 avril à New York, au siège de l'Onu, par 175 pays.
PAS L'ENNEMI DE JANET YELLEN
Une renégociation de l'accord représenterait un revers de taille pour ce qui a été présenté comme le premier accord sur le climat d'une véritable portée internationale.
"Je me pencherai sur la question très, très sérieusement, et au minimum je renégocierai l'accord; c'est un minimum. Et au maximum, j'irai plus loin", dit-il à Reuters.
Laurent Fabius, qui dirigeait la diplomatie française lors de la conférence de Paris, a estimé ce mois-ci que l'élection présidentielle américaine serait cruciale pour l'avenir de l'accord, car si un opposant à ce pacte venait à être élu, cela menacerait fortement toute démarche internationale contre les perturbations climatiques.
Donald Trump annonce en outre qu'il détaillera son programme économique dans deux semaines et propose de démanteler la quasi-totalité de la réforme Dodd-Frank adoptée après la crise financière de 2007-2009 pour éviter à l'Etat fédéral de devoir renflouer des établissements financiers en difficulté. Pour Trump, la loi de 2010 concernant la réforme Dodd-Frank représente une "force très négative".
Hillary Clinton, qui est la favorite de la course à l'investiture démocrate, a jugé "dangereuse" la proposition de Donald Trump d'abroger la réforme Dodd-Frank.
Enfin, concernant la Réserve fédérale américaine, Donald Trump a déclaré que si, au bout du compte, il souhaitait voir un républicain nommé à sa tête, il "n'est pas un ennemi" de l'actuelle présidente, Janet Yellen, laquelle a été nommée par Barack Obama. "Je ne suis pas de ceux qui pensent que Janet Yellen fait du mauvais travail", dit-il dans l'interview.
(Steve Holald, Emily Flitter et Emily Stephenson; Jean-Philippe Lefief et Eric Faye pour le service français)