par Marine Pennetier
BIARRITZ (Reuters) - Des chefs étoilés, 680 bouteilles de la cave d'Irouleguy, des menus concoctés à base de produits locaux et gardés jalousement secrets jusqu'au moment de la dégustation : les déjeuners et dîners du sommet du G7 de Biarritz qui s'ouvre samedi ont été conçus comme des "moments de détente" au milieu de discussions qui s'annoncent cette année particulièrement difficiles.
"La gastronomie a toujours fait partie de la diplomatie", souligne Vincent Jumert, intendant adjoint de l'Elysée. "On est là pour faire en sorte que ce soit un moment agréable autour d'une bonne table, avec des vins agréables et locaux, pour que ce moment permette peut-être de déverrouiller quelques petites tensions ou problèmes qu’il peut y avoir".
"C’est le but de la gastronomie : autour d’une table on arrive à régler des problèmes qui sont plus compliqués à régler dans d’autres situations", ajoute-t-il, dans le centre de Congrès Bellevue, coeur névralgique du sommet auquel sont attendus 24 chefs d'Etat et de gouvernement et dirigeants d'institutions internationales.
Et les "problèmes" diplomatiques auxquels vont devoir s'atteler les dirigeants des sept pays membres du club des démocraties libérales (Canada, Etats-Unis, Chine, France, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne) pendant trois jours sont nombreux.
Climat, Iran, tensions dans le détroit d’Ormuz, migrations, Brexit, situation à Hong Kong, Cachemire, guerre commerciale avec la Chine, taxation des géants du numérique, autant de sujets qui fâchent et risquent de donner lieu à des discussions houleuses.
Dans ce contexte et conformément aux vertus, présumées ou réelles, de la diplomatie gastronomique, les menus pourraient jouer un rôle non anodin et ont donc fait l'objet depuis près de deux mois de toutes les attentions, du chef des cuisines du palais de l'Elysée, Guillaume Gomez, à ses homologues étrangers, avant validation finale par Emmanuel Macron.
PRÉFÉRENCE OU CONTRAINTE ALIMENTAIRE
Des chefs étoilés régionaux ont été sélectionnés pour concocter les plats et choisir les vins qui seront proposés aux chefs d'Etat et de gouvernement : Andrée Rosier, le triple étoilé Michel Guérard, les frères Ibarboure et Cédric Béchade.
"On a la chance au Pays basque d’avoir l’océan et la montagne donc on a un large choix de produits, à la fois de la terre et de la mer", explique Andrée Rosier, promue en janvier chevalier de la légion d'honneur. "Chaque plat est cuisiné par un chef étoilé de la région qui apportera son produit, son plat signature, issu du Pays basque" et rien ne sera dévoilé avant dégustation afin de laisser la surprise aux chefs d'Etat et de gouvernement".
La composition a fait l'objet d'intenses échanges entre les chefs cuisiniers des sept pays du G7.
"On a pris en compte les allergies, les contraintes ou les préférences alimentaires, on a certains pays où on mange plus végétarien, donc on prend en compte toutes ces demandes et, en fonction de ça, on s’adapte et on prépare des plats de substitutions au cas où", explique Vincent Jumert.
"Le président a donné des consignes de faire du français, du local, en respectant les normes environnementales, de valorisation du territoire et du terroir", a-t-il ajouté.
Concernant l'eau, "on a essayé de faire zéro plastique, on filtre l’eau à part sur la table présidentielle, pour tout le reste c’est de l’eau fabriqué sur place, filtrée et embouteillée", précise Jean-Marc Salva, à la tête de l'Instant traiteur, chargé de la partie restauration du G7. Quant aux bouteilles de vin, "on est sur une palette de 680 bouteilles, je ne sais pas s’ils vont tout boire parce qu’après ils vont peut-être avoir du mal à bien travailler !"
(Edité par Simon Carraud)