L'attitude que doit adopter l'UE face à la Russie, pour son rôle en Ukraine comme en Syrie, est l'un des questions brûlantes d'un sommet des dirigeants des 28 jeudi à Bruxelles, qui doit aussi faire avancer les préparatifs du Brexit.
"Nous allons quitter l'UE, nous voulons que cela soit un processus aussi en douceur et ordonné que possible", dans l'intérêt de deux parties, a déclaré la Première ministre britannique Theresa May, à son arrivée jeudi à Bruxelles.
"Nous marchons sur un terrain miné, il y a tellement de débats à l'agenda qui peuvent encore mal tourner", a mis en garde un haut responsable européen avant ce sommet, qui traitera également de la relance de la défense européenne et la gestion de la crise migratoire.
Les 28 devraient parvenir à s'entendre pour reconduire leurs sanctions économiques contre Moscou, imposées en 2014 après la destruction du vol MH17 de la Malaysia Airlines au-dessus de l'Est séparatiste de l'Ukraine (298 morts), comme l'ont demandé mardi la chancelière allemande Angela Merkel et le président français François Hollande.
L'UE, qui dénonce l'annexion de la Crimée et les atteintes de Moscou à l'intégrité territoriale de l'Ukraine, a régulièrement reconduit ces sanctions depuis deux ans.
Mais certains pays, notamment l'Italie, renâclent à poursuivre ces mesures au-delà de janvier. "Je table sur le fait qu'il y aura un consensus" des 28, a pourtant affirmé mercredi un responsable allemand.
- L'inconnue Trump -
Selon un diplomate européen, il n'y a en revanche "pas de consensus qui émerge sur des sanctions liées à la Syrie, et ce d'autant plus qu'il est impossible d'avoir une lisibilité sur les intentions de la prochaine administration américaine" vis-à-vis de Moscou, le président élu américain Donald Trump souhaitant un réchauffement des relations avec son homologue russe Vladimir Poutine.
Un projet de conclusions du sommet, consulté par l'AFP, prévoit de "condamner avec force l'assaut continu sur Alep par le régime syrien et ses alliés, notamment la Russie", évoquant "la prise pour cible délibérée de civils et d'hôpitaux".
L'UE "considère toutes les options disponibles", est-il indiqué dans ce document provisoire, qui ne mentionne toutefois pas la possibilité de sanctions contre la Russie. Mais "les choses peuvent évoluer" en fonction de la situation sur le terrain, où des militaires syriens préparaient jeudi l'évacuation des derniers rebelles d'Alep et de leurs familles.
Les dirigeants des 28 auront aussi la Russie à l'esprit quand ils discuteront de l'accord d'association UE-Ukraine, que les Pays-Bas sont le seul pays à ne pas avoir ratifié, après son rejet par référendum.
Pour tenir compte des résultats de ce vote sans bloquer l'adoption du traité par l'UE, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte demande des "garanties".
- May privée de dîner -
Theresa May devra s'éclipser à l'heure du dîner pour laisser ses homologues peaufiner discrètement ce que sera leur méthode de négociation avec le Royaume-Uni, une fois que Londres aura déclenché la procédure du divorce.
Elle aura au préalable "mis au courant" ses homologues "sur l'avancement des préparations du Brexit au Royaume-Uni", selon le président du Conseil européen, Donald Tusk.
Selon une source européenne, les 27 devraient ensuite s'entendre sur un court texte prônant "l'ouverture le plus rapidement possible des négociations" avec Londres, une fois officiellement enclenché le processus de sortie du Royaume-Uni via l'activation de l'article 50 du Traité de Lisbonne.
Le document devrait souligner qu'ils seront "prêts à négocier" dès qu'ils recevront la notification promise par le gouvernement conservateur de Mme May d'ici le 31 mars 2017.
"L'enjeu est de mettre en place notre dispositif, nos procédures, pour être en ordre de bataille", a expliqué un diplomate européen, indiquant que le dîner n'aborderait pas le fond des futures négociations avec Londres, mais "clarifierait" les rôles côté UE dans la négociation à venir.
Le Parlement européen, qui devra donner en fin de course son feu vert à l'accord avec Londres, a prévenu mercredi qu'il n'accepterait d'être relégué "à une position secondaire dans le processus de négociation".