Le Parlement grec s'apprêtait jeudi à voter des mesures en faveur des petites retraites, passant outre aux réticences de la zone euro, qui a gelé en réaction des mesures d'allègement de la dette qui venaient d'être consenties au pays.
L'amendement, qui doit être soumis au vote en soirée, prévoit une aide financière forfaitaire pour le mois de décembre pour les retraites inférieures à 850 euros, une mesure qui doit bénéficier à environ 1,6 million de retraités et dont le coût est évalué à 617 millions d'euros, selon le gouvernement.
Le Premier ministre, Alexis Tsipras, avait annoncé cette mesure il y a une semaine dans le cadre de sa politique "de renforcement de la cohésion sociale" et d'aide aux plus démunis après sept ans d'austérité stricte.
Outre cette mesure, M. Tsipras avait promis un report de la hausse de la TVA sur des îles de la mer Egée touchées par le flux migratoire "tant que dure la crise des réfugiés".
La Commission européenne avait indiqué dans un premier temps qu'elle examinerait si ces annonces ne violaient pas les engagements grecs auprès de ses créanciers, UE et FMI, mais, mercredi, Wolfgang Schäuble, le puissant ministre des Finances allemand, est passé à l'offensive.
"Il est impératif que les mesures ne soient pas décidées de façon unilatérale ou annulées sans préavis", a-t-il souligné.
Dans la foulée, un porte-parole de Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe, a indiqué dans un communiqué que les "institutions ont conclu que les actions du gouvernement grec semblaient ne pas être en ligne avec nos accords".
Et "quelques Etats", parmi les 19 de la zone euro, "le voient aussi de cette façon", ce qui rend impossible dans l'immédiat, faute "d'unanimité", le lancement des mesures de toilettage de la dette grecque décidées le 5 décembre, a-t-il ajouté.
Cette suspension, courant jusqu'en janvier, a été contestée jeudi par la France.
Avant cette riposte européenne, M. Tsipras avait défendu mercredi sa décision: "nous avons le fardeau de la crise migratoire. Nous avons appliqué ces dernières années une politique extrêmement dure d'austérité. Tout ce que nous faisons est dans le cadre de l'accord conclu (avec les créanciers) et il faut que nos partenaires le respectent aussi", avait-il plaidé.
Selon le gouvernement grec, ces mesures sont rendues possibles par le dépassement en 2016 de l'objectif d'excédent primaire (hors charge de la dette) assigné au pays. Leur coût, juge aussi Athènes, est dans les clous de la part de ce surplus dont le pays peut disposer à son gré.