TAIPEI (Reuters) - Foxconn envisage d'installer une usine de fabrication d'écrans plats aux Etats-Unis dans le cadre d'un investissement de plus de sept milliards de dollars (6,54 milliards d'euros), a annoncé dimanche le PDG du géant taïwanais d'électronique, Terry Gou.
Cette annonce intervient deux jours après la promesse de Donald Trump de mettre en oeuvre son mot d'ordre "America First", lors de son discours d'investiture, ce qui a incité le patron de Foxconn à lancer un avertissement contre le protectionnisme.
Le projet de Foxconn, dont le nom officiel est Hon Hai Precision Industry, serait réalisé avec sa filiale Sharp (T:6753), et dépendrait de nombreux facteurs, dont les conditions d'investissement qui seront négociées, a dit Terry Gou à la presse.
Gou a précisé que Foxconn avait ce projet en tête depuis des années, mais qu'il a été dévoilé en décembre à la suite d'une rencontre avec son partenaire industriel Masayoshi Son, directeur général du groupe de télécoms japonais SoftBank, peu avant que ce dernier rencontre Donald Trump, alors président élu.
Après cette rencontre, Son avait annoncé un investissement de 50 milliards de dollars aux Etats-Unis et la création de 50.000 emplois et avait par erreur montré le logo de Foxconn et évoqué un investissement supplémentaire non spécifié de sept milliards de dollars. A l'époque, Foxconn avait publié un bref communiqué disant qu'il était en négociations préliminaires en vue de développer ses activités aux Etats-Unis, sans précision.
L'annonce de Softbank (T:9984) avait été saluée à l'époque par Trump qui s'en était d'ailleurs attribué le mérite.
"Son est un bon ami", a dit Gou, ajoutant qu'il lui avait demandé son opinion sur l'opportunité d'investir aux Etats-Unis.
Gou a précisé lui avoir dit que les Etats-Unis n'avaient aucune usine de fabrication d'écrans alors qu'il s'agissait du deuxième marché mondial pour les télévisions. Construire une usine dans ce domaine représenterait un investissement de plus de sept milliards de dollars et créerait 30.000 à 50.000 emplois, avait-il indiqué au directeur général de Softbank.
"Je pensais que c'était une conversation privée mais le lendemain matin elle était rendue publique", a-il dit. "Il y a bien un projet mais ce n'est pas une promesse. C'est un voeu."
Foxconn a déjà des actifs en Pennsylvanie, un Etat auquel le groupe pourrait accorder la priorité en fonction des conditions foncières, d'accès à l'eau, à l'électricité, aux infrastructures et autres conditions qui lui seraient faites, a-t-il dit.
Il a ajouté que Foxconn resterait actif en Chine, dissipant les rumeurs selon lesquelles Pékin exercerait une pression sur Foxconn concernant ce projet d'investissement aux Etats-Unis.
Foxconn, grand sous-traitant pour les iPhones d'Apple (NASDAQ:AAPL), est l'un des premiers fournisseurs d'emplois en Chine.
Les fabricants de produits de haute technologie taïwanais sont nerveux depuis les menaces de Trump d'augmenter les droits de douanes de produits venant de certains pays, dont la Chine.
(Juliette Rouillon pour le service français, édité par Jean-Stéphane Brosse)