Après une stabilisation lors des trois derniers trimestres de 2010, le taux de chômage en France métropolitaine a enregistré un léger recul de 0,1 point début 2011, un petit pas vers la barre des 9% sous laquelle le gouvernement veut passer avant la fin de l'année.
Le taux de chômage, calculé selon les normes du Bureau international du travail, s'est établi 9,2% en métropole au premier trimestre, soit 2,618 millions de personnes, a annoncé l'Insee mercredi.
Ce taux reflète celui des personnes n'ayant pas du tout travaillé dans la semaine donnée, disponibles pour travailler dans les deux semaines et ayant entrepris des recherches actives d'emploi le mois précédent.
Mais au total, sur la période, 3,4 millions de personnes n'avaient pas d'emploi et souhaitaient néanmoins travailler, qu'elles soient disponibles ou non dans les deux semaines et en recherche d'emploi ou non.
Ces 9,2% représentent un recul de 0,1 point par rapport au chiffre révisé du quatrième trimestre 2010 et de 0,3 point par rapport au premier trimestre de l'an dernier. Avec l'outremer, le chômage passe à 9,7%, inchangé par rapport au chiffre révisé du quatrième trimestre et en baisse de 0,2 point sur un an.
Le taux de chômage du quatrième trimestre 2010, annoncé en mars, a depuis été revu à la hausse, de 0,1 point, après l'actualisation des corrigés de variations saisonnières (CVS) et l'intégration des réponses tardives à l'enquête de l'Insee, notamment.
Annoncée dès le dernier trimestre 2010, l'amorce de la baisse du chômage semble donc reportée au premier trimestre 2011, si ces chiffres ne sont pas à leur tour ajustés.
La décrue reste "très, très légère", souligne l'économiste Jacques Freyssinet, professeur émérite à Paris I, interrogé par l'AFP.
"Un recul de 0,1 point, qui plus est selon une enquête par sondage, c'est à peine significatif, surtout que l'on a eu un premier trimestre de forte croissance. Mais c'est cohérent avec la baisse des demandeurs d'emploi", a-t-il commenté.
La croissance entre janvier et mars a atteint 1%, un niveau inégalé depuis le deuxième trimestre 2006.
Le ministre du Travail Xavier Bertrand a d'ailleurs réagi avec pondération, saluant des chiffres "positifs" qui, selon lui, confirment également "les quatre mois de baisse consécutifs du nombre de demandeurs d'emploi" inscrits à Pôle emploi depuis le début de l'année.
Pour le ministre, un autre signe "encourageant" a été la progression du taux d'emploi des 50 ans et plus sur la période - même si ces derniers sont peut-être poussés à s'accrocher à leur activité à la suite des réformes successives des retraites.
Leur taux de chômage est resté stable d'un trimestre sur l'autre, à 6,3%, reculant sur un an de 0,2 point.
Par ailleurs, le chômage des jeunes (15-24 ans), grande préoccupation des pouvoirs publics, est remonté de 0,6 point par rapport au dernier trimestre de l'an dernier, atteignant 22,8%. Il reste en baisse en glissement annuel, mais de 0,2 point seulement.
Le gouvernement vise à atteindre moins de 9% de chômeurs, d'ici à fin 2011, conforté par les prévisions de croissance de l'OCDE, qui table sur 2,2% cette année.
"En dopant les emplois aidés au second semestre, passer sous les 9% ne sera pas un exploit. Et être à 9%, trois ans après le début de la crise, c'est que le chômage de crise s'est transformé en chômage structurel", a relevé M. Freyssinet.
Avant la crise économique et financière, le taux de chômage était tombé au plus bas depuis en 25 ans, à 7,2% en métropole début 2008. Au dernier trimestre 2009, il atteignait 9,6%, frôlant les 10% en comptant les DOM.