Bank of America a annoncé mercredi qu'elle allait payer 14 milliards de dollars (9,7 mds EUR) pour solder les contentieux générés par sa filiale Countrywide Financial, l'un des principaux protagonistes du scandale des prêts "subprime" à l'origine de la crise de 2008.
La première banque américaine par les actifs va payer 8,5 milliards de dollars pour mettre un terme aux procédures engagées à son encontre par 530 fonds d'investissements parmi les plus prestigieux du monde de la finance.
C'est le montant le plus élevé jamais réglé par une banque pour régler un litige, faisait remarquer le Wall Street Journal, qui avait révélé l'intiative de la banque la veille sur son site internet.
BofA compte également passer une provision supplémentaire de 5,5 milliards de dollars pour apurer la situation avec les organismes semi-public de refinancement hypothécaires comme Freddie Mac et Fannie Mae, avec lesquels elle avait déjà pourtant signé un premier accord il y a quelques mois.
La banque américaine, qui compte aussi enregistrer pour 6,4 milliards de dollars de dépréciations dans ses comptes du deuxième trimestre - dont 2,6 milliards de dollars d'écarts d'acquisition - estime que sa perte nette pour les trois mois s'achevant fin juin pourrait atteindre jusqu'à 9,1 milliards de dollars, selon un communiqué de l'établissement.
La banque compte donc enregistrer une perte par action comprise entre 0,88 et 0,93 dollar sur cette période. Hors éléments exceptionnels, elle devrait être bénéficiaire de 0,28 à 0,33 dollar par action, précise son communiqué.
La transaction amiable doit maintenant être validée par un juge. Parmi les fonds qui ont accepté la transaction figurent ceux gérés par la Bayerische Landesbank, Goldman Sachs, ING, Metlife, PIMCO ou Invesco.
C'est la troisième transaction annoncée depuis le début de l'année par BofA pour apurer son bilan de ses errements passés dans le "subprime", après ceux passés avec les organismes de refinancement hypothécaire (en janvier) et celui avec le rehausseur de crédit Assured Guaranty (en avril).
BofA laisse entendre qu'elle pourrait ne pas en avoir fini, puisqu'elle indique que ce dernier accord lui permet seulement de couvrir une partie "substantielle" des recours juridiques qui lui ont été adressés.
"C'est une autre étape importante que nous effectuons dans l'intérêt de nos actionnaires pour minimiser l'impact des incertitudes futures et solder l'héritage", a commenter le directeur général de BofA Brian Moynihan, cité dans le communiqué. "Nous allons continuer à agir de manière déterminée, dans l'intérêt de nos actionnaires, pour nettoyer le dossier des crédits hypothécaires résultant pour l'essentiel de notre achat de Countrywide".
Countrywide, établissement californien fondé par un homme d'affaires haut en couleur, Angelo Mozillo, avait connu une croissance effrénée lors des années de bulle spéculative dans l'immobilier (2003-2007), avant d'être balayé par la crise financière. Après avoir accordé des prêts à des centaines de milliers de ménages insolvables, il n'a échappé à la faillite qu'en étant racheté par Bank of America, en 2008, pour 2,54 milliards de dollars.
Les plaignant estimaient que Countrywide leur avait vendu des titres hypothécaires adossés à des crédits d'une qualité très inférieure à ses dires. Ils avançaient par ailleurs que Countrywide n'avait pas géré correctement les dossiers dans la gestion de ces prêts.