Après la Société Générale, BNP Paribas, deuxième banque de la zone euro, a à son tour essuyé la tempête mardi, victime de rumeurs sur sa solidité qui ont fait tanguer son cours sur des marchés inquiets de l'exposition des établissements français à la dette des pays fragiles.
BNP Paribas a catégoriquement démenti des propos prêtés à un de ses cadres anonymes dans le Wall Street Journal, faisant état d'une incapacité de la banque française à trouver des liquidités en dollars, et a demandé au gendarme de la Bourse, l'AMF, l'ouverture d'une enquête.
"BNP Paribas dément formellement les propos prêtés à cette source anonyme et confirme qu'il se finance tout à fait normalement en dollars, soit directement soit par swaps de change", a-t-elle assuré dans un communiqué diffusé pendant la séance boursière.
La banque "s'étonne que le Wall Street Journal ait laissé passer, sans aucun contact préalable avec la banque, une tribune fondée sur des sources anonymes et comportant un aussi grand nombre de faits non vérifiés et d'erreurs techniques", a-t-elle ajouté.
En fin d'après-midi, elle a annoncé qu'elle demandait l'ouverture d'une enquête "suite à la diffusion d'une fausse nouvelle".
Au final, l'action BNP Paribas a opéré un redressement spectaculaire, clôturant en hausse de 7,2% à 28 euros. Au cours de la matinée, le titre avait plongé de plus de 10%.
Outre les affirmations publiées dans le WSJ, la banque a également été chahutée par les informations contradictoires sur la possibilité d'achats chinois d'obligations italiennes. Très présente dans la péninsule via sa filiale BNL, BNP Paris est exposée à la dette de l'Italie pour 24,1 milliards d'euros.
Un temps rassuré par la perspective d'un tel rachat, avancé dans la presse, le marché s'est retourné sur une autre rumeur évoquant un refus de Pékin.
Dans les colonnes du Wall Street Journal, Nicolas Lecaussin, directeur du développement de l'Institut de recherche économiques et fiscales, affirmait mardi qu'un cadre de BNP Paribas lui avait déclaré: "Nous ne pouvons plus nous financer en dollars. Les fonds monétaires américains ne nous prêtent plus".
Interrogé par l'AFP, M. Lecaussin a maintenu ces propos tout en concédant qu'il ne les avait pas vérifiés. "C'est ce qu'on m'a dit, de l'intérieur de la BNP", a-t-il déclaré. "Je maintiens ce que j'ai écrit (...) Peut-être que j'ai été mal informé mais je ne l'ai pas inventé", a-t-il ajouté.
L'enchaînement des événements rappelle la curée subie par la Société Générale après un article du Mail on Sunday le 7 août la présentant comme "au bord de la faillite". Cet article avait servi de catalyseur à la propagation de rumeurs multiples et alarmistes, systématiquement démenties par la banque.
Le tabloïd britannique avait par la suite rétropédalé et présenté ses excuses.
Les banques européennes connaissent depuis début août des difficultés à s'approvisionner en dollars sur le marché à court terme. La plupart des fonds monétaires américains ont brutalement réduit leur concours à leur financement, ce qui a en retour alimenté la fièvre de marchés inquiets du ralentissement de la croissance mondiale.
Ces fonds n'ont pas pour autant interrompu ce financement, qui est passé dans le cas de BNP Paribas de 46 milliards de dollars au 29 juillet à 36 milliards au 9 septembre, selon des documents qu'elle a publiés.
"Malgré le niveau moindre de financement disponible auprès des fonds monétaires américains pour les banques européennes, BNP Paribas a été en mesure de recourir à un large éventail de sources de financement", a assuré la banque mercredi dernier.
La nervosité des investisseurs est enfin attisée par la perspective d'une éventuelle dégradation de la note des banques françaises par l'agence de notation Moody’s.
L'agence avait annoncé mi-juin envisager un abaissement pour Société Générale, BNP Paribas et Crédit Agricole du fait de leur exposition à la dette grecque. La période d'observation étant de trois mois, une décision est attendue dans les prochains jours.