Le Fonds monétaire international (FMI) a révisé mardi à la baisse ses prévisions de croissance pour la France, qui sont désormais bien en-deçà de celles du gouvernement pour 2012, et appelle à un tour de vis supplémentaires pour réduire les déficits.
Prenant acte du ralentissement économique mondial et de la crise en zone euro, le FMI table désormais sur une hausse du produit intérieur brut (PIB) français de 1,7% cette année et seulement 1,4% l'an prochain, selon son rapport semestriel.
"Des déficits publics très élevés, des perspectives de production plus faibles et des tensions croissantes sur les marchés pèsent sur la croissance dans la plupart des pays européens", souligne le Fonds.
Dans ses précédentes prévisions, en juin, l'institution dirigée par l'ancienne ministre de l'Economie Christine Lagarde tablait sur une croissance en France de 2,1% cette année et de 1,9% en 2012.
Les nouvelles prévisions du FMI sont inférieures à celles du gouvernement français, qui table pour sa part sur une croissance de 1,75% cette année, comme en 2012.
Selon le Fonds, la performance française serait sensiblement meilleure à celle de la zone euro (+1,6% prévu en 2011, +1,1% en 2012).
La France ferait cette année nettement moins bien que l'Allemagne, son principal partenaire commercial (+2,7%), mais mieux en 2012 (+1,3%).
La Commission européenne avait déjà de son côté récemment révisé à la baisse sa prévision de croissance française pour 2011, à 1,6%.
Dimanche, le ministre de l'Economie François Baroin et son homologue du Budget Valérie Pécresse se sont montrés confiants dans la capacité de l'économie française à tenir cette année, malgré la crise, le nouvel objectif fixé cet été.
Des mesures supplémentaires indispensables
Mais les prévisions divergent surtout pour l'an prochain. A la Société Générale, l'économiste Michel Martinez s'attend ainsi à une croissance de seulement de 1,1% en 2012.
"Deux effets négatifs se conjuguent", explique-t-il: "les conséquences de la crise financière et les plans d'austérité budgétaire mis en place en Europe".
Mais, reconnaît-il, "la crise actuelle n'est pas habituelle et il est plus difficile d'en mesurer les effets que lors d'un choc pétrolier, par exemple".
Chez BNP Paribas, Frédérique Cerisier table elle aussi sur une hausse du PIB français de seulement 1,1% l'an prochain. "Le ralentissement économique était enclenché dès la fin juillet, mais les perturbations connues par les marchés cet été risquent de provoquer une crise de confiance", estime-t-elle.
Et le gouvernement français pourrait dès lors être amené "à prendre des mesures plus fortes d'économies budgétaires", souligne l'économiste.
C'est aussi l'avis du FMI. Le Fonds, qui s'attend à ce que la France affiche un déficit public de 5,9% du PIB cette année (contre 5,7% attendu), pense que le gouvernement pourra le réduire, comme prévu, à 4,6% en 2012.
Les efforts d'assainissement "sont en marche", souligne son rapport, se référant aux mesures d'austérité annoncées le 24 août par le Premier ministre François Fillon.
"Néanmoins, des mesures supplémentaires seront indispensables à la France pour réduire son déficit à 3% du PIB d'ici 2013", estime le FMI.
Pour 2013, le Fonds pense ainsi que le déficit public français sera ramené à seulement 4% du PIB.
Ce d'autant que dans un "environnement très incertain ou prévalent les tensions liées à la crise de la dette en zone euro", les risques de devoir réviser la croissance à la baisse sont élevés, selon le Fonds.