Les dirigeants de l'Union européenne comptent mettre jeudi soir la pression sur les Etats-Unis, lors d'un sommet de préparation du G20, pour obtenir des règles mondiales strictes limitant les bonus bancaires, ainsi que des avancées significatives sur le climat.
Lors du sommet des pays du G20 les 24 et 25 septembre à Pittsburgh aux Etats-Unis, il s'agira "de convaincre nos amis américains qu'un nouveau code de conduite doit faire son entrée dans les affaires financières", a déclaré jeudi le Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker.
"Si cela devait échouer (...), je soutiens fermement l'idée selon laquelle nous devons faire en Europe ce que nous pensons être nécessaire, que les Américains fassent avec ou non", a ajouté, sur la radio allemande Deutschlandfunk, M. Juncker, qui est aussi le chef de file des ministres des Finances de la zone euro.
Les chefs d'Etat et de gouvernement des 27 pays de l'Union européenne, qui se réunissent à partir de 19H00 (17H00 GMT) à Bruxelles, veulent appeler les pays du G20 à prévoir des "règles contraignantes" pour obliger les banques à encadrer les bonus, selon un projet de document final.
Et ces mécanismes devront être soutenus par "la menace de sanctions au niveau national".
Dans ce texte, l'UE demande que la "rémunération variable" versée aux banquiers soit "fixée à un niveau approprié par rapport à la rémunération fixe" et "dépende de la performance de la banque", pour notamment "éviter le versement de bonus garantis".
Ce document reprend l'essentiel d'une proposition commune de la France, l'Allemagne et la Grande-Bretagne début septembre.
Il va plus loin que l'accord a minima trouvé par les ministres des Finances du G20, dont celui des Etats-Unis, à Londres le 5 septembre, qui avaient retenu les principes d'étalement des bonus dans le temps ou de non-versement de certaines échéances en cas de mauvaise performance.
Mais s'ils avaient évoqué l'idée de sanctions, ils s'étaient dits seulement prêts à "explorer" les "moyens de lutter contre le non-respect" des principes sur les bonus. Et avaient aussi mis à l'étude le plafonnement des bonus, voulu par la France, mais sans préciser comment il pourrait se faire. Il ne sera toutefois pas facile aux Européens, présents au sommet de Pittsburgh, de convaincre les Etats-Unis d'aller plus loin sur les bonus.
Le président américain Barack Obama s'est clairement prononcé cette semaine contre l'idée d'un plafonnement des bonus. Mercredi, l'un de ses hauts conseillers a répété que le président américain restait "réticent à l'idée d'imposer des niveaux individuels de rémunération".
Les Européens comptent par ailleurs mettre la pression sur les Etats-Unis sur un autre sujet: pour qu'ils fassent plus d'efforts dans la lutte contre le réchauffement climatique, avant le sommet sur le climat de Copenhague en fin d'année.
"Nous avons besoin de signaux plus clairs de la part des Etats-Unis" sur les objectifs de réduction d'émissions de CO2, a prévenu mercredi le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, dont le pays préside l'UE. Jusqu'ici l'Europe est restée sur sa faim malgré les espoirs placés dans l'administration Obama.
"Tous les pays qui ne l'ont pas encore fait devraient de manière urgente prendre des engagements ambitieux pour réduire leurs émissions à moyen terme", souligne également le projet de document final des dirigeants européens.
Ces derniers mettront par ailleurs l'accent jeudi sur la nécessité de réduire les déficits publics à terme dans le monde, après les dizaines de milliards d'euros dépensés depuis l'automne 2008 pour financer des plans de relance.