La récession en 2012 en Grèce devrait être pire que prévue avec une chute du PIB, pour la cinquième année consécutive, estimée à 4,5%, a mis en garde la Banque de Grèce dans son rapport annuel publié lundi.
"Selon des prévisions provisoires, la baisse moyenne annuelle du PIB en 2012 doit atteindre 4,5%, l'emploi baisser de 3% et le taux de chômage moyen annuel dépasser 19%", indique ce Rapport annuel de politique monétaire, rappelant qu'en 2011, le PIB national a reculé de 6,9%.
La Commission européenne avait pour sa part indiqué en février tabler pour 2012 sur une récession de 4,4%, le FMI la chiffrant pour sa part à -4,8%, soit bien pire que les pronostics de départ du gouvernement, qui tablaient lors du vote du budget 2012 début décembre sur un recul de 2,8% du Produit intérieur brut.
Dans le meilleur des cas, et si le pays applique à la lettre son programme de redressement mis au point avec ses bailleurs de fonds de l'UE et du FMI, 2013 "peut marquer le début de la relance, même si en moyenne annuelle le PIB doit encore reculer d'environ 0,5%" l'an prochain, ajoute le rapport.
La Grèce renouera avec la croissance "d'ici moins de deux ans", a assuré le Premier ministre grec Lucas Papademos dans un entretien au Financial Times lundi.
"Je suis convaincu que nous avons fait plus de la moitié du chemin de la reprise économique, même si le processus d'assainissement des finances publiques prendra plus de temps. Des taux de croissance positifs devraient être atteints d'ici moins de deux ans", a-t-il affirmé.
Chiffrant à 13,7% le recul cumulé du PIB grec entre 2008 et 2011, la Banque de Grèce souligne que "le retour le plus rapide possible à la croissance est la clé" de la sortie de crise du pays, et conditionne sa capacité à tenir les objectifs que lui ont fixés UE et FMI en échange du déblocage d'un nouveau plan de renflouement, d'un montant de 130 milliards d'euros.
Pour y arriver, le pays doit assumer une "responsabilité historique", et renoncer à l'"illusion selon laquelle un système produisant de la prospérité avec des déficits et des dettes peut survivre indéfinement", souligne le rapport.
Si elle reconnaît que l'effort demandé aux Grecs signifie pour eux "des pertes importantes et douloureuses", la Banque de Grèce plaide donc pour "la mise en oeuvre fidèle" du plan de redressement adopté en février et durcissant l'austérité déja administrée au pays depuis 2010, et appelle de ses voeux "un accord de principe d'une grande part des forces politiques du pays" en ce sens.
Selon le dernier rapport de suivi UE-FMI publié la semaine dernière, le pays devra faire de nouveaux efforts d'ajustement budgétaire dans les deux prochaines années pour atteindre les objectifs fixés.
Les priorités énoncées par la Banque centrale sont les mêmes que celles ressassées depuis des mois par les dirigeants grecs et européens, notamment la réduction drastique des dépenses publiques, la réforme de l'administration et la dérégulation du marché du travail.
Dans ce cadre, les mesures ouvrant la voie à des baisses de salaires dans le privé "doivent permettre d'ici fin 2012 de recouvrer des deux tiers aux trois quarts de la compétitivité perdue durant la période 2001-2009", estime le rapport.
La Banque s'y félicite par ailleurs du succès de l'échange de dette sans précédent opéré par le pays le 12 mars dernier pour effacer quelque 105 milliards de créances détenus par ses créanciers privés.
Elle juge que cette restructuration doit permettre de ramener la dette souveraine du pays à "moins de 117% du PIB en 2020", contre un objectif de départ de 120,5% du PIB. Ce ratio plus favorable avait été avancé le 12 mars par le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, dans un entretien sur une télé grecque.