La Bourse de Paris, qui a manqué une nouvelle fois de souffle ces derniers jours, va chercher sa voie la semaine prochaine avec un oeil rivé sur le début des publications trimestrielles américaines et l'autre sur la situation en Espagne.
Sur la semaine écoulée, l'indice vedette CAC 40 a lâché 3,03%, pour terminer vendredi à 3.319,81 points.
Depuis le début de l'année, l'indice vedette est en hausse de 5,06%, mais sa progression s'est nettement essoufflée par rapport à ses plus hauts, quand il avait frôlé les 3.600 points à la mi-mars.
Toute la question est de savoir si la Bourse se contente de consolider après sa forte progression ou si la tendance haussière est en train de basculer sous l'effet d'un retour des vieux démons de la crise de la dette en Europe, s'interroge-t-on dans les salles de marché.
De l'avis de tous les investisseurs, un danger guette le marché actions d'autant que des seuils techniques à la baisse ont été franchis qui pourraient entraîner le CAC 40 vers un repli plus prononcé.
"Le marché est fébrile et la tendance haussière est clairement en train de s'essouffler", constate Arnaud de Champvallier, directeur général chez Turgot Asset Managment
"Si aucun élément moteur ne vient doper la cote, le marché va devenir très technique au cours des prochains jours et être essentiellement guidé par des seuils graphiques", prévoit Renaud Murail, gérant de portefeuilles chez Barclays Bourse.
Ces seuils, fixés par des analyses graphiques, conduisent, quand ils sont franchis à la baisse, à une série d'ordre de ventes automatiques.
Pour éviter un tel risque, les investisseurs vont devoir trouver des raisons de reprendre confiance.
A ce titre, ils seront très attentifs la semaine prochaine aux premiers résultats des entreprises américaines pour le premier trimestre et aux indicateurs macroéconomiques, notamment ceux sur le chômage, l'immobilier aux Etats-Unis et sur la confiance des ménages.
La situation aux Etats-Unis devrait rester relativement satisfaisante mais, pour M. Murail, il n'est pas certain que cela permette de compenser les inquiétudes sur l'Europe.
A l'origine de ce regain de tension en zone euro, la situation de l'Espagne, qui se débat dans une crise sans précédent. Les mesures anti-crise annoncées par le gouvernement espagnol ne convainquent pas les marchés financiers, qui commencent à traîner des pieds pour prêter à Madrid.
Les inquiétudes se sont accentuées cette semaine après que Madrid a dû, pour attirer des investisseurs, proposer des taux plus élevés qu'auparavant.
Derrière l'Espagne se profile l'Italie, et la crainte revient d'un retour de la crise de la dette, souligne M de Champvallier. Selon lui, les inquiétudes sur le sort des deux pays sont cependant nettement "sur-dimensionnées et servent de prétexte aux investisseurs à prendre leur bénéfices".
De manière générale, la Bourse traverse actuellement une période de doute en "l'absence de catalyseurs", écrit Bruno Cavalier, économiste chez le courtier Oddo. Dans sa note hebdomadaire, il explique que "le rebond visible à la fin de 2011 marque le pas (...); les progrès accomplis en Europe en matière de stabilisation demandent à être confirmés".
Enfin, la perspective de l'élection présidentielle en France va ajouter à la nervosité des investisseurs et créer des phases de forte hausse et de forte baisse, prévoit Marc Touati, économiste chez Assya Compagnie financière.