Italo, le premier train privé à grande vitesse d'Italie, part à l'assaut du marché du transport ferroviaire national accompagné d'un grand battage médiatique et avec la ferme volonté de concurrencer la société publique Trenitalia sur ses lignes les plus lucratives.
"Italo arrive, la concurrence démarre", annonce un message de la compagnie NTV diffusé sur les hauts-parleurs répartis dans les wagons, promettant que "la concurrence apportera des avantages réels à tous ceux qui voyagent".
NTV a été créée par un groupe d'entrepreneurs italiens dont Luca Cordero di Montezemolo, patron de Ferrari (groupe Fiat) et par le PDG du maroquinier Tod's, Diego della Valle. La compagnie française SNCF détient 20% du capital.
"Notre objectif est d'arriver à 20%-25% du marché d'ici 2014", a indiqué M. Montezemolo à des dizaines de journalistes, à l'arrivée à Naples d'Italo, parti une heure plus tôt de Rome.
"Regardez, nous roulons à 300 km/h et on ne sent rien. Nous sommes dans le meilleur train, avec un impact écologique réduit, avec le meilleur service possible offert à bord et des prix très compétitifs", a-t-il assuré, en soulignant que "jusqu'à présent les Italiens n'avaient pas d'alternative".
L'ambition de NTV avec son train Italo, produit par le français Alstom, est de concurrencer la société publique Trenitalia grâce la qualité de ses services car la firme ne peut tailler des croupières à son grand concurrent ni sur la vitesse (égale pour tous les opérateurs, ndlr) ni sur les prix.
Italo propose à bord le wi-fi gratuit avec la possibilité aussi de voir en direct des chaînes de télévision, un wagon "cinéma" et une surveillance vidéo des bagages.
"Tous nos employés parlent au moins l'anglais, à part l'italien, et dans chaque gare desservie nous avons une +maison Italo+ pour accueillir les passagers qui peuvent y recevoir des informations ou se reposer un instant", explique Giuseppe Bonollo, directeur commercial de NTV.
L'exploitation commerciale d'Italo débutera le samedi 28 avril sur la ligne Naples-Milan, via Rome, et elle sera élargie au fur et à mesure sur les autres tronçons prévus.
L'objectif est d'arriver d'ici trois ans à 8-9 millions de passagers transportés chaque année.
Selon M. Bonollo, l'équilibre des comptes de NTV est prévu dès la fin 2014, alors que son réseau, qui desservira Salerne, Naples, Rome, Florence, Bologne, Milan, Venise, Padoue et Turin devrait être complètement opérationnel avec ses 25 convois en janvier 2013.
"Le consommateur a déjà gagné avec ce début de concurrence. Trenitalia a baissé les prix de ses billets et amélioré son service", a expliqué à l'AFP Marco Ponti, professeur d'économie des Transports à l'université polytechnique de Milan.
"Mais la société de Montezemolo pourrait avoir des problèmes, la situation est trop déséquilibrée, c'est un nain contre un géant. Trenitalia possède les rails, les gares, les centres d'entretien, tout", a ajouté M. Ponti.
En outre, ce n'est pas le meilleur moment pour se lancer "avec la crise et la possible entrée sur le parcours Rome-Milan, le plus lucratif pour tous, d'une compagnie aérienne à bas coût comme EasyJet", selon lui. La firme de "Montezemolo peut être mise en faillite, Trenitalia non, c'est une société publique", a-t-il noté.
"Le danger c'est que face aux difficultés ils se mettent d'accord entre eux notamment sur les tarifs, au détriment d'une saine concurrence", a souligné le professeur Ponti, en souhaitant l'entrée "d'un troisième joueur, par exemple les chemins de fer allemands qui sont agressifs et ont beaucoup d'argent public derrière eux".
Le patron de Trenitalia, Mauro Moretti, s'est voulu fair-play et a souhaité "bonne chance" à NTV, estimant que ce "nouveau défi, unique au monde, sera loyal dans l'intérêt des clients".