L'euro a glissé sous 1,2150 dollar vendredi pour la première fois depuis juin 2010, dans un marché plombé par les inquiétudes sur l'Espagne, le pays ayant abaissé ses perspectives de croissance pour 2013 et 2014, alimentant les craintes sur l'avenir de la zone euro.
Vers 14H00 GMT (16H00 à Paris), l'euro est tombé à 1,2144 dollar, son plus bas niveau depuis le 14 juin 2010. Il avait déjà renoué la semaine précédente avec des niveaux plus vus depuis deux ans en descendant le 13 juillet à 1,2163 dollar.
A la même heure, l'euro glissait à 95,42 yens, un plus bas depuis le 29 novembre 2000 face à la devise nippone. Il était déjà descendu le 1er juin à 95,60 yens, son plus bas niveau depuis onze ans et demi.
Ce nouvel accès de faiblesse de la monnaie unique s'expliquait par "un regain des inquiétudes concernant l'Espagne", dont la situation économique morose et le lourd endettement continuent d'alarmer les investisseurs, observait Steve Englander, analyste de Citi FX.
L'économie espagnole devrait se contracter en 2012 de 1,5%, contre 1,7% prévu auparavant, soit une récession légèrement moins importante que prévu, a annoncé vendredi le ministère espagnol du budget, tout en révisant en légère baisse ses prévisions de croissance pour 2013 et 3014.
"Il y a des craintes que les nouvelles prévisions (du gouvernement espagnol) soient même encore trop optimistes", soulignait M. Englander.
Signe de la défiance des investisseurs, le taux de rendement des obligations à 10 ans de l'Espagne se tendait vendredi de nouveau au-dessus des 7%, un niveau jugé intenable sur le long terme.
Les investisseurs délaissaient l'euro pour des devises jugées plus sûres, comme le dollar et le yen, semblant faire peu de cas du feu vert accordé vendredi par l'Eurogroupe au plan d'aide aux banques espagnoles, qui prévoit une enveloppe pouvant aller jusqu'à 100 milliards d'euros.
Comme le faisait remarquer Michael Hewson, analyste de CMC Markets, le fait que "l'argent prêté devra passer par le gouvernement espagnol, rajoutant ainsi au fardeau budgétaire de Madrid, rend les marchés nerveux".