Le marché automobile français est resté déprimé en août, avec un nouveau recul des immatriculations de voitures neuves qui touche particulièrement les constructeurs français.
Le mois dernier, 96.115 voitures ont été immatriculées, soit 11,4% de moins comparé à la même période de l'année précédente en données brutes mais aussi à nombre de jours ouvrables comparables, selon les données publiées lundi par le Comité français des constructeurs d'automobiles (CCFA).
Le mois d'août est traditionnellement marqué par la faiblesse des ventes, avec des concessions fermées, argue le CCFA.
Selon le cabinet d'études Xerfi, ce passage sous la barre des 100.000 unités écoulées sur un mois marque "une première depuis juin 1997" et il faut y voir "les conséquences d'une conjoncture très difficile sur le marché français" avec l'accélération du chômage et la prudence affichée par les entreprises.
Depuis le début de l'année, les immatriculations de voitures particulières ont baissé de 13,4% en données brutes. Les ventes de véhicules utilitaires légers, utilisées comme indicateur de la santé des entreprises, ne se portent pas mieux : elles ont chuté de 16,5% en août et de 7,3% sur les huit premiers mois de l'année.
Les constructeurs français s'en sortent moins bien que leurs homologues étrangers. Les ventes de PSA Peugeot Citroën ont baissé de 10,6% en août, plombées par Citroën. La marque Peugeot, qui a lancé la citadine 208, s'en sort mieux. Ce modèle est "le plus vendu en France", selon la marque.
"Pas à la hauteur de nos attentes"
Le groupe Renault a aussi souffert (-20,6%): la marque au losange a chuté de 29,9% "dans l'attente de la commercialisation de Clio IV en octobre", précise-t-il dans un communiqué, tandis que celle à bas coût Dacia a bondi à l'inverse de 21,1%. "Les résultats de la marque Renault ne sont pas à la hauteur de nos attentes", reconnaît son directeur commercial Bernard Cambier.
Les immatriculations des groupes étrangers n'ont reculé que de 6,8% mais ce chiffre cache des performances contrastées.
Les marques allemandes haut de gamme (Audi, BMW et Mercedes) ont vu leurs ventes progresser. A l'autre bout, le groupe coréen Hyundai-Kia a connu une nouvelle envolée de ses immatriculations (+31,4%) avec ses modèles bon marché, ce qui lui vaut d'être dans le viseur du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg.
Plus dur pour les généralistes
"Le véhicule 'low cost' et le 'premium' fonctionnent bien", constate Flavien Neuvy, de l'observatoire spécialisé Cetelem. "C'est plus difficile pour les constructeurs généralistes et donc pour les français", poursuit-il. L'italien Fiat et l'allemand Opel ne sont pas épargnés.
Ni les constructeurs ni les analystes ne tablent sur une amélioration notable de la situation d'ici la fin de l'année. Le CCFA s'attend à un recul du marché de 8 à 10%. Il table sur un petit "effet salon" avec la tenue du Mondial de l'automobile du 27 septembre au 14 octobre.
M. Neuvy se montre plus pessimiste. "Le Mondial se tiendra dans un contexte européen morose et la fin de l'année sera difficile", prévient-il. Il table sur une baisse du marché "légèrement supérieure à 10%", rejoint en cela par Carlos da Silva, analyste chez IHS, qui chiffre la baisse à 11% puis à 5% en 2013, et ce malgré les mesures de soutien au secteur présenté cet été par le gouvernement. "Ces dernières ciblent désormais les voitures électriques et hybrides qui restent encore des niches de marché. Bref, pas de quoi relancer les ventes des constructeurs", pour les analystes de Xerfi.