La Bourse de Paris a vécu une séance difficile, plombée par les secteurs financier et cyclique, les investisseurs s'interrogeant sur l'efficacité des mesures prises par les banques centrales et sur la situation de l'Espagne sous pression pour solliciter une aide internationale.
Le CAC 40 a cédé 2,82% à 3.414,84 points dans un volume d'échanges de 3,142 milliards d'euros.
Madrid a perdu 3,92%, Francfort 2,0% et Londres 1,56%. L'indice Eurostoxx 50 a cédé 2,44%.
"On se retrouve à des niveaux proches de ceux que l'on a connu avant les annonces des banques centrales les 6 et 13 septembre. La volatilité est de retour, mais pour l'instant il s'agit plus d'une pause que d'un retournement du marché", commente Renaud Murail, gérant d'actions chez Barclays Bourse.
La tendance a été plombée dès l'ouverture par les propos d'un dirigeant de la banque centrale des Etats-Unis (Fed) qui a remis, mardi soir, en cause l'efficacité du nouveau programme d'assouplissement monétaire annoncé par l'institut mi-septembre pour relancer l'emploi.
Selon Charles Plosser, président de la Fed de Philadelphie, le recul du chômage dépend de l'environnement économique et donc de facteurs sur lesquels la banque centrale n'a pas de moyen d'action.
"Les politiques monétaires n'auront sans doute pas l'impact espéré par les investisseurs. La dure réalité de la situation de l'économie mondiale revient au premier plan", relève M. Murail.
Pour Derek Lawless, chez ETX Capital, les marchés ont aussi réagi négativement aux commentaires de la Banque centrale européenne "qui refuse de participer à un nouveau plan de restructuration pour la Grèce".
Les tensions en Espagne ont aussi pesé tout particulièrement sur les échanges.
Le pays, qui reste ancré dans la récession, est de nouveau sous la pression des marchés. Ses taux d'emprunt à échéance 10 ans sont repassés au-dessus des 6% sur le marché obligataire secondaire, où s'échangent les titres de dette déjà émis.
Et les conditions draconiennes imposées par Bruxelles, l'addition de 150 milliards d'euros d'économies prévues entre 2012 et 2014 pour réduire le déficit public à moins de 3% alors que le pays ploie sous un chômage de 24,63%, font monter le mécontentement social.
La Catalogne a convoqué des élections régionales anticipées et des affrontements ont éclaté mardi soir à Madrid entre policiers et manifestants du mouvement des Indignés qui s'étaient rassemblés par milliers aux abords du Congrès des députés.
"Les investisseurs s'inquiètent car face à ces éléments négatifs les responsables européens continuent de tergiverser notamment sur la supervision bancaire", note M. Murail.
Les secteurs bancaire et cyclique, les plus sensibles à la conjoncture, ont été les premières victimes de ce regain de tensions. Crédit Agricole a signé le plus fort recul du CAC 40 (-7,45% à 5,29 euros), suivi par Société Générale (-6,39% à 22,43 euros) et BNP Paribas (-5,50% à 37,33 euros). Les valeurs industrielles ont aussi très chahutées, Renault cédant 4,71% à 37,26 euros et ArcelorMittal 4,38% à 11,56 euros.
Carrefour (-5,58% à 16,42 euros) a également souffert des craintes concernant l'Espagne où le distributeur réalise une part importante de son chiffre d'affaires.
CGGVeritas a perdu 1,87% à 24,93 euros après avoir annoncé le lancement d'une augmentation de capital d'environ 414 millions d'euros destinée à financer en partie l'acquisition de la division "Géoscience" du néerlandais Fugro.
Sodexo a reculé de 3,65% à 61 euros, pénalisé par l'abaissement de recommandation sur son titre de "pondération en ligne" à "sous-pondérer" par Barclays.
Suez Environnement a baissé de 2,80% à 9,0 euros ne profitant pas du relèvement de recommandation sur son titre de "neutre" à "surpondérer" par JPMorgan Cazenove.
Alstom a également perdu 3,32% à 27,67 euros malgré l'annonce de plusieurs contrats dont un de plus de 100 millions d'euros avec la Corée du sud.
A l'inverse de la tendance, Neopost s'est octroyé 2,88% à 40,58 euros grâce à la hausse de son bénéfice semestriel et à des perspectives encourageantes sur l'ensemble de 2012.