BRUXELLES (Reuters) - La Commission européenne a autorisé mardi l'Etat italien à injecter 5,4 milliards d'euros dans Banca Monte dei Paschi di Siena (MI:BMPS) dans le cadre d'une recapitalisation préventive de la banque toscane, ce qui porte le montant total engagé par Rome dans le sauvetage de ses banques au cours de la semaine qui vient de s'écouler à plus de 20 milliards d'euros.
Hors la Grèce, l'Europe n'a pas connu de sauvetages publics aussi coûteux depuis les lendemains de la crise financière, ce qui éveille l'inquiétude sur le recours à l'argent du contribuable pour combler les pertes de banques mal gérées malgré une nouvelle réglementation européenne visant à l'éviter.
Monte dei Paschi, quatrième banque d'Italie, a accepté, en échange de cette injection d'argent public, une profonde restructuration qui passera notamment par une réorientation de ses activités vers la banque de détail et le financement des PME, par le transfert de 26,1 milliards d'euros de créances douteuses vers un véhicule de défaisance financé par des fonds privés et par un plafonnement des rémunérations de ses cadres.
Ce plan de restructuration sur cinq ans, qui doit être présenté mercredi, assurera la viabilité à long terme de la banque toscane, ont souligné mardi les régulateurs européens.
"Nous avons autorisé, conformément aux règles de l'UE, l'injection de capital dans (Monte dei Paschi) par l'Etat italien, qui aidera la banque à faire face à ses besoins en capital si la situation économique venait à se détériorer de manière inopinée", a déclaré Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence, citée dans un communiqué.
"Pour assurer sa viabilité à long terme, (la banque toscane) va réorienter son modèle économique et assainir son bilan en le débarrassant de plus de 26 milliards d'euros de prêts improductifs", a-t-elle ajouté.
Cette décision fait suite à l'accord de principe conclu le 1er juin entre l'exécutif européen et le gouvernement italien sur le plan de restructuration de Monte dei Paschi. Cet accord était assorti de deux conditions qui sont désormais remplies: la Banque centrale européenne (BCE) a confirmé que l'établissement était solvable et des investisseurs privés se sont formellement engagés à acquérir son portefeuille de créances douteuses.
Cette aide de l'Etat italien a en outre été autorisée parce que les actionnaires et les créanciers de rang inférieur de la banque vont contribuer à hauteur de 4,3 milliards d'euros à son sauvetage.
Le déficit de capitaux de la banque est de 8,1 milliards d'euros, a dit un responsable du Trésor italien, un montant inférieur aux 8,8 milliards précédemment estimés par la BCE.
Monte dei Paschi, qui se présente comme la plus vieille banque au monde encore en activité, a sollicité cette aide de l'Etat italien fin 2016 après l'échec de son appel au marché pour tenter de lever 5 milliards d'euros.
Il y a tout juste une semaine, Rome s'est engagé sur un montant allant jusqu'à 17 milliards d'euros, essentiellement en garanties, pour empêcher les détenteurs d'obligations seniors, les déposants et les employés d'être affectés par la liquidation de deux banques régionales, Popolare di Vicenza et Veneto Banca. Le montage prévoit le transfert des actifs sains des banques à Intesa Sanpaolo (MI:ISP) pour un euro symbolique.
Le gouvernement italien pense pouvoir toujours dégager à terme un bénéfice de ces plans de sauvetage.
"Je suis convaincu que l'argent de l'Etat sera remboursé, peut-être avec une prime", a déclaré mardi le ministre des Finances, Pier Carlo Padoan, en référence à Monte dei Paschi.
Selon le ministre, l'Etat prendra une participation de 70% dans la banque et selon son président, il en sortira en 2021.
Pour Valdis Dombrovskis, vice-président de la Commission européenne chargée de la stabilité financière, "les solutions trouvées devraient préserver la stabilité financière en Europe et limiter la charge qui pèse sur les contribuables."
(Foo Yun Chee, Bertrand Boucey et Juliette Rouillon pour le service français)