Tandis que production industrielle et investissements en capital fixe continuent de progresser en Chine, les prix sont repartis à la hausse en novembre, pour la première fois depuis janvier, selon les données publiées vendredi par le Bureau national des Statistiques (BNS).
Après neuf mois en territoire négatif, l'indice des prix à la consommation a progressé de 0,6% sur un an, après -0,5% en octobre.
Sur les onze premiers mois de l'année, l'indice, jauge de l'inflation ou de la déflation, reste à -0,9%.
Présentant les statistiques à la presse, le porte-parole du BNS Sheng Laiyun a tenu à souligner qu'il n'y avait "pas actuellement de pression inflationniste".
Une telle pression pourrait pousser le gouvernement à revoir la politique monétaire souple qu'il a adoptée fin 2008 pour aider à la relance de l'économie et que les plus hautes autorités ont décidé de conserver l'an prochain.
Le week-end dernier, les dirigeants du parti et du gouvernement sont convenus de "maintenir la stabilité et de la continuité des politiques macroéconomiques, une politique monétaire modérément souple et une politique budgétaire active", selon les médias officiels
Cependant "les prix plus élevés de l'immobilier et de l'alimentation ont déjà un impact sur les ménages. Toute hausse de l'inflation dans les prochains mois va mettre la pression sur Pékin", a estimé Brian Jackson, de la Royal Bank of Canada à Hong Kong.
Les analystes, qui s'attendaient au retour de la hausse des prix, portée par l'activité économique, tablent dans l'ensemble sur une inflation modérée l'année prochaine.
Après +16,1% en octobre, la production industrielle en Chine a bondi de 19,2% en glissement annuel en novembre. Mais il est vrai qu'elle était en pleine déconfiture un an plus tôt (+5,4%), sous l'impact de la crise économique mondiale.
"La production industrielle est restée forte mais ne s'est pas accélérée brutalement comme le suggère la hausse en glissement annuel", a commenté Ben Simpfendorfer, de RBS.
Jing Ulrich de JPMorgan estime néanmoins que "l'activité industrielle va continuer de croître, grâce à une forte demande intérieure et une amélioration des exportations".
Ces dernières sont toujours en léger déclin: -1,2%, après -13,8% en octobre, ont annoncé les Douanes.
Certes, la chute de novembre, calculée en glissement annuel, est atténuée parce que mesurée par rapport à un mois de recul des exportations, la première chute depuis 2001.
Mais "la tendance à la hausse reste intacte et (les exportations) devraient enregistrer une hausse" en décembre pour continuer de s'améliorer ensuite, a commenté Brian Jackson.
Les importations ont elles bondi de 26,7%.
Avec 19,09 milliards de dollars supplémentaires en novembre, l'excédent depuis le début de l'année totalise 177,96 milliards.
De leur côté, les investissements en capital fixe dans les zones urbaines chinoises ont augmenté de 32,1% en glissement annuel entre janvier et novembre, contre 26,8% sur la même période de 2008, selon les chiffres du BNS.
En novembre 2008, le gouvernement a annoncé un grand plan de relance de l'économie prévoyant quelque 400 milliards d'euros de dépenses sur deux ans, notamment dans de grands projets d'infrastructures, déclenchant des investissements massifs dans le pays.
Jing Ulrich estime que l'investissement privé devrait prendre le relais des investissements publics et continuer à soutenir l'économie.
Pour bon nombre d'économistes, la reprise de l'activité, des exportations et une croissance du produit intérieur brut chinois devant dépasser 8% en 2009, laissent augurer une reprise graduelle de l'appréciation du yuan en 2010. Ou au moins des pressions sur Pékin pour en faveur d'une telle appréciation.