Le marché du travail allemand a envoyé des signaux contrastés en janvier, avec d'un côté, une nette hausse du taux de chômage brut et de l'autre, une forte réduction du nombre de chômeurs en données corrigées des variations saisonnières, selon l'Agence pour l'emploi.
Le taux de chômage brut a atteint en janvier 7,4%, alors qu'il était de 6,7% en décembre, mois où il avait déjà augmenté, montrent les statistiques mensuelles de l'agence publiées jeudi.
En revanche, en données corrigées des variations saisonnières, une statistique davantage suivie par les économistes, janvier a vu le nombre de chômeurs diminuer de 16.000 personnes par rapport au mois précédent. Une bonne surprise pour les économistes qui tablaient plutôt sur une hausse de 10.000 chômeurs, selon le consensus réalisé par l'agence Dow Jones Newswires.
"L'actuelle montée du taux de chômage s'explique simplement par des raisons saisonnières", a estimé Frank Weise, le président de l'Agence pour l'emploi, cité dans un communiqué.
"Les mauvaises conditions économiques n'ont laissé que quelques traces sur le marché du travail", a-t-il assuré.
Jugées plus représentatives d'une tendance de fond, les données corrigées des variations saisonnières (CVS) excluent les pertes d'emplois liées aux saisons, comme, par exemple, les mises à pied saisonnières dans des secteurs comme l'agriculture ou la construction en hiver.
Le taux de chômage ajusté a ainsi légèrement reculé de 0,1 point à 6,8%, ce qui contraste avec la dégradation affichée par les données brutes.
En effet, sans tenir compte de ces effets de saison, le nombre de chômeurs est en hausse de 298.000 à 3,138 millions de personnes, quand le taux de chômage a augmenté de 0,7 point à 7,4%.
Dépassant la barre symbolique des 3 millions de personnes sans emploi, "le nombre de chômeurs est à son plus haut niveau depuis mars 2011", souligne Carsten Brzeski, économiste chez ING.
Mais, malgré l'hiver rigoureux, cette hausse du chômage en données brutes est "la plus faible pour un mois de janvier depuis 2008", ajoute-t-il.
D'ailleurs, d'autres analystes préféraient voir dans les données ajustées le signe d'une amélioration du marché du travail allemand qui montrait des signes de dégradation depuis l'été.
"Ce rapport confirme la relative résistance du marché du travail allemand au ralentissement économique actuel", a considéré Annalisa Piazza, du courtier Newedge.
"Vu les récents signaux d'un redressement modéré de l'économie allemande dans les prochains mois", l'analyste exclut que "les entreprises réduisent leur main d'oeuvre à moyen terme". En conséquence, elle table sur une stabilisation du taux de chômage à son niveau actuel.
Selon Carsten Brzeski, le marché du travail allemand fonctionne de plus en plus à deux vitesses, avec d'une part, les entreprises exportatrices qui revoient à la baisse leur programme d'embauches, et d'autre part, les entreprises davantage tournées vers le marché national, qui sont encore très demandeuses de main d'oeuvre, notamment en personnel qualifié, un manque récurrent en Allemagne.
En tenant compte de ces évolutions diverses, et "même sans être miraculeux, le marché du travail devrait continuer à soutenir la croissance", assure l'économiste.
Sur l'ensemble de 2012, le taux de chômage brut en Allemagne avait baissé à 6,8%, son plus bas niveau depuis 1991.