Le président de la Réserve Fédérale américaine Ben Bernanke a souligné dimanche le caractère primordial d'une réforme de la régulation pour éviter des bulles spéculatives, expliquant que l'instrument de la politique monétaire ne devait être utilisé qu'en 2e ressort.
Laissant prévoir peu de changements à court terme ou brutaux dans la politique monétaire et les taux de la banque centrale, M. Bernanke a expliqué lors d'un discours à Atlanta (Georgie, sud-est des Etats-Unis), dont le texte a été communiqué à la presse, que tout changement de politique monétaire devrait être "prudent".
"Il faut faire tous les efforts (possibles) pour renforcer notre système de régulation afin d'empêcher une résurgence de la crise et pour atténuer ses effets s'il y en a une autre", a-t-il dit.
"Toutefois, si les réformes nécessaires ne sont pas faites ou si elles sont faites mais s'avèrent insuffisantes pour empêcher l'accumulation dangereuse de risques financiers, nous devons rester ouverts à (l'option de) l'utilisation de la politique monétaire, comme outil supplémentaire contre ces risques, en procédant prudemment et en gardant toujours à l'esprit les difficultés inhérentes à cette approche", selon M. Bernanke.
"Rester flexible et l'esprit ouvert sera essentiel pour mener une politique réussie", a souligné M. Bernanke.
Intervenant également à Atlanta, le vice-président de la Fed Donald Kohn a souligné qu'il fallait "évaluer les coûts potentiels et les incertitudes liés à l'usage de la politique monétaire" pour lutter contre les bulles spéculatives.
"La politique monétaire est un instrument brutal", a souligné M. Kohn, soulignant que "des hausses de taux d'intérêt servent d'éteignoir pour l'activité dans une large gamme de secteurs, y compris ceux qui ne souffrent pas d'activité spéculative".
Et, a encore mis en garde M. Kohn, "si (une hausse) des taux d'intérêt ne fait qu'affaiblir la production et l'inflation sans éteindre la spéculation, l'économie pourrait être encore plus vulnérable au moment de l'éclatement de la prochaine bulle spéculative".
M. Bernanke a souligné pour sa part que "des augmentations des taux d'intérêt en 2003 ou 2004 qui auraient suffi à contenir la bulle (spéculative immobilière) auraient pu sérieusement affaiblir l'économie juste au moment où s'installait la reprise après la précédente récession".
Ces discours étaient très attendus par les marchés financiers américains, qui se demandent si et quand la Réserve fédérale pourrait augmenter ses taux d'intérêt alors que la reprise économique se confirme.
La Fed a été souvent accusée d'avoir alimenté la bulle immobilière avec des taux d'intérêt extrêmement bas ayant encouragé les ménages à s'endetter, parfois bien au-delà de leurs moyens financiers, jusqu'à ce que l'éclatement de cette bulle en 2008 fasse passer l'économie mondiale tout près d'une grande dépression.
Mais M. Bernanke a souligné pour sa part que les établissements financiers avaient pris trop de risques en accordant des contrats hypothécaires "non conventionnels", et que les autorités avaient été trop lentes à les encadrer.
Quant à M. Kohn, rappelant que la Fed avait déjà programmé la fin de ses programmes exceptionnels de soutien à l'économie (d'ici à la fin juin), il a souligné qu'il faudrait "retirer les outils exceptionnels de relance monétaire avant que l'économie" se normalise totalement.