Transports perturbés, livraisons retardées, chantiers stoppés, récoltes de légumes endommagées...: la neige et le gel qui touchent la France depuis plusieurs jours perturbent l'activité de nombreux secteurs économiques.
Premier touché, celui des transports. "Il y a plusieurs milliers de camions immobilisés en France", estime Nicolas Paulissen, délégué général adjoint de la Fédération nationale des transports routiers.
"Le coût d'une immobilisation dépend beaucoup de la nature de la marchandise et du temps qu'elle dure", note-t-il. "En tout cas, ça coûte de l'argent, c'est sûr", assène-t-il, relayant les critiques des transporteurs qui jugent que le principe de précaution conduit parfois à prendre des arrêtés d'interdiction de circulation avant même que les intempéries ne soient effectives.
Ces difficultés de livraison se répercutent dans de nombreuses branches. Chez Carrefour, on relève par exemple quelques difficultés d'approvisionnement dans huit magasins du Finistère et de l'Orne, et dans dix autres en Isère.
La responsable d'un magasin de la banlieue lyonnaise notait aussi que des marchandises attendues la veille arrivaient "au compte-gouttes" samedi matin, sans pour autant créer de pénurie.
Chez PSA, les usines de Sochaux et Mulhouse ont en revanche dû arrêter la production de voitures dans la nuit de vendredi et samedi matin, les interdictions de circulation empêchant des fournisseurs de livrer leurs pièces.
Dans l'ouest de la France, la collecte de lait est également perturbée: la laiterie Entremont Alliance de Carhaix (Finistère) n'a ainsi pas pu effectuer de collecte vendredi. Certains producteurs de centre-Bretagne ont même dû jeter leur lait.
Outre le transport routier, les intempéries perturbent également le transport aérien affecté par des retards et des fermetures d'aéroports, et les chemins de fer.
Eurostar a ainsi été de nouveau obligé de limiter samedi la circulation de ses trains, trois semaines après une panne géante qui avait paralysé les liaisons pendant trois jours.
Cette panne avait coûté à la compagnie quelque 333.000 euros de compensations pour des passagers bloqués de longues heures dans le tunnel sous la Manche, auxquels s'étaient ajoutés 166.000 euros de billets offerts.
Autre secteur traditionnellement touché par les intempéries, celui du BTP. "Par temps de grand gel, le gros oeuvre est à l'arrêt: impossible pour le maçon de couler du ciment ou pour les couvreurs de monter sur un toit rendu glissant", explique la Confédération des petites entreprises du bâtiment du Nord.
Durant l'hiver 2008-2009, la facture des intempéries s'était déjà élevée à quelque 140 millions d'euros pour la profession, selon la Fédération française du bâtiment, qui rappelle que des dispositifs d'aide existent pour les entreprises face à de telles situations.
Les producteurs de légumes s'inquiètent également des conséquences du froid. "Pour ceux qui ont des légumes à récolter dans les champs actuellement --choux, poireaux, navets, carottes--, c'est loupé", regrette André Bernard, de la Fédération des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) du Vaucluse. "On ne peut pas récolter sous la neige et le gel va endommager les cultures".
Certaines professions toutefois se frottent les mains, notamment les chauffagistes et les fabricants et vendeurs de vêtements chauds: mercredi, premier jour des soldes, le Printemps Haussmann à Paris a ainsi vendu un manteau ou une doudoune toutes les 6 ou 7 secondes.