La taxe exceptionnelle sur les bonus des opérateurs de marché, qui devrait rapporter 360 millions d'euros environ, n'affaiblira pas les banques qui la paieront, a estimé dimanche la ministre de l'Economie Christine Lagarde lors d'un entretien à la chaîne d'information CNN.
"Quand je vois leurs prévisions de résultats, je ne dirais pas qu'elles (les banques, ndlr) seront affaiblies" par cette taxe, a déclaré Mme Lagarde.
Les six banques françaises cotées devraient publier des bénéfices au quatrième trimestre 2009, selon les prévisions des analystes. Natixis mis à part, toutes devraient également afficher une année 2009 bénéficiaire.
"Je pense qu'elles (les banques, ndlr) ont clairement été en mesure de se remettre sur pied et j'en suis très heureuse pour elles", a-t-elle dit, insistant sur le fait qu'elle "ne va pas les affaiblir".
Interrogée sur l'éventualité de délocalisations par les banques dans d'autres pays non soumis à la taxe, notamment la Suisse, Mme Lagarde a souligné qu'une telle décision aurait des conséquences néfastes pour elles.
"J'espère de tout coeur que les banques qui ont des équipes à Paris vont les y maintenir et qu'elles prendront en compte le fait que, à travers l'Europe, les opinions seraient scandalisées si elles décidaient de délocaliser pour éviter de payer des impôts qu'elles ont été heureuses de trouver en des temps difficiles, quand elles avaient besoin d'aide", a déclaré la ministre.
La taxe s'appliquera aux bonus de plus de 27.500 euros, dont la partie supérieure à ce seuil sera taxée à 50%, ce qui devrait rapporter 360 millions d'euros environ.
Mme Lagarde a également "applaudi" le principe d'une taxe sur les banques présenté jeudi par le président américain Barack Obama, tout en rappelant les différences entre les plans de soutien américain et français au secteur bancaire.
Tandis que le plan américain "a coûté beaucoup d'argent" et "engendré des pertes", le plan français a permis à l'Etat de "dégager des profits" après remboursement par les banques de l'essentiel des fonds prêtés, a souligné la ministre.
Dans le cadre du plan de sauvetage du secteur financier, le Congrès américain a alloué en octobre 2008 700 millions de dollars au Trésor. Selon les esimations de ce dernier, ce plan de sauvetage pourrait générer des pertes de 117 milliards de dollars au maximum.
Selon les dernières estimations du gouvernement, le plan de soutien français a rapporté deux milliards d'euros à l'Etat.
Pour la ministre le schéma proposé par M. Obama est "équilibré, légitime, raisonnable et parfaitement compréhensible".