L'Espagne va réclamer à l'Union européenne "des aides extraordinaires" comme "dédommagement" pour le préjudice subi par son agriculture alors que les analyses réalisées jusqu'à présent mettent hors de cause les concombres espagnols dans l'épidémie de la bactérie tueuse Eceh.
Le chef du gouvernement espagnol est monté au créneau jeudi matin, à la radio publique, pour affirmer que son pays va "exiger la réparation du dommage subi devant les instances compétentes en Europe, pour le dédommagement des préjudices qui ont été provoqués".
"Nous allons demander des aides extraordinaires à l'Union européenne (lors du sommet extraordinaire prévu ce mois, ndlr) pour dédommager le secteur, (car) Bruxelles doit être responsable pour ses Etats membres", a annoncé de son côté la ministre de la Santé, Rosa Aguilar.
Clara Aguilera, la responsable de l'Agriculture du gouvernement régional d'Andalousie, d'où provenaient les lots de concombres suspects, a assuré que "rien que dans le secteur du concombre et depuis le début de la crise jusqu'à aujourd'hui, on a enregistré des pertes d'une valeur de 75 millions d'euros".
Les producteurs de fruits et légumes espagnols, premiers exportateurs en Europe, ont enregistré ces derniers jours une chute de leurs ventes en raison de la psychose provoquée par cette crise.
La Fédération espagnole des producteurs-exportateurs de fruits et légumes (Fepex) a évalué mardi les pertes "à environ 200 millions d'euros par semaine" pour l'ensemble du secteur, évoquant un "effet domino" aux autres produits espagnols.
"Hier il est apparu clairement, avec les analyses qu'a faites l'agence espagnole de sûreté alimentaire, qu'il n'y a pas le moindre indice selon lequel l'origine de cette grave infection vienne de quelque produit espagnol", a affirmé jeudi M. Zapatero
Les autorités de Hambourg avaient indiqué dans un premier temps que les concombres espagnols étaient la cause possible de l'épidémie, mais toutes les analyses réalisées jusqu'à présent, en Allemagne, en Espagne et en Italie, semblent les mettre hors de cause.
"Pour autant, j'aurais aimé une réaction plus claire de la Commission (européenne), surtout en clarifiant ce que sont les règles du jeu dans l'Union européenne en ce qui concerne les frontières", a dit le chef du gouvernement espagnol, jugeant aussi que "la Commission a été lente" à réagir.
Plusieurs pays européens ont arrêté d'acheter des fruits et légumes espagnols en raison de cette crise. "Maintenant nous avons une tâche devant nous, très ambitieuse, qui est de retrouver au plus vite la bonne réputation et la commercialisation de tous les produits espagnols", a ajouté M. Zapatero.
Ce dernier a critiqué "l'erreur fracassante des autorités allemandes" dans cette affaire.
"Le dommage subi est fort, il est grave, mais nous allons mettre en place tous les moyens (nécessaires) pour le réparer", a-t-il affirmé.
Le gouvernement va lancer une campagne de promotion des fruits et légumes pour retrouver la confiance des consommateurs, a indiqué de son côté Rosa Aguilar.
L'épidémie de diarrhée partie d'Allemagne et qui s'étend en Europe avait fait, jeudi, 18 morts. Tous les malades ont apparemment transité par l'Allemagne.