La polémique qui s'annonçait redoutable pour France Télécom n'aura pas duré: Didier Lombard, ex-PDG âgé de 69 ans, a annoncé mercredi qu'il quittait le groupe et renonçait au poste de conseiller spécial sur mesure très contesté par les salariés, le Medef et même le gouvernement.
"Dans l'intérêt de France Télécom, entreprise à laquelle j'ai consacré la plus grande partie de ma vie professionnelle, j’ai décidé de renoncer aujourd’hui aux fonctions de conseiller qui m’ont été proposées [...] et de quitter l'entreprise", écrit-il dans un communiqué.
Nommé PDG en 2005 en remplacement de Thierry Breton, Didier Lombard avait dû céder les rênes opérationnelles du groupe en mars 2010 à Stéphane Richard après avoir été fragilisé par une vague d'une trentaine de suicides de salariés entre janvier 2008 et fin 2009.
Son maintien annoncé il y a une semaine au sein du groupe comme conseiller spécial de M. Richard --fonction qu'il avait prise mardi-- a suscité beaucoup de remous auprès des salariés et des organisations syndicales, mais aussi du côté du gouvernement et du Medef, en raison du montant de la rémunération qui lui aurait été versée.
Dans un message aux salariés d'Orange, le nouveau PDG, Stéphane Richard, a salué cette décision, déclarant qu'il avait évoqué avec M. Lombard "la forte incompréhension et la vive émotion" des salariés et que celui-ci, "en conscience, a pris cette décision, qui relevait de lui seul".
Pour leur part, les syndicats du groupe se sont réjoui de cette annonce, la CFDT y voyant "la bonne nouvelle du jour", tandis que SUD évoque un "bonheur", que la CFTC exprime "sa satisfaction" et que FO s'exclame "bon débarras!".
Dans son message, Didier Lombard affirme "regretter les souffrances et sans doute aussi les incompréhensions liées au besoin impérieux de changements" dans le groupe engagés sous sa houlette.
Au plus fort de la controverse sur les suicides dans l'entreprise, Didier Lombard avait provoqué la polémique en parlant d'une "mode du suicide qui évidemment choque tout le monde".
"Dans ce monde en pleine mutation, je suis persuadé que le tournant qui a été pris il y a quelques années a été le bon", réaffirme mercredi Didier Lombard pour justifier sa stratégie contestée.
Son nouveau poste de conseiller spécial lui aurait permis de percevoir un salaire de quelque 500.000 euros bruts par an, selon une estimation du syndicat CFE-CGC/Unsa.
Le ministre du Travail, Xavier Bertrand, a estimé "normale" la décision de M. Lombard. Plus tôt dans la matinée, le ministre avait prévenu que si M. Lombard devait rester dans l'entreprise, il devait le faire comme "bénévole".
L'Etat est toujours actionnaire de France Télécom à hauteur de 27%.
La présidente du Medef, Laurence Parisot, avait mardi soir également interpellé l'ancien PDG de manière indirecte, estimant que "quand on a pu apporter autant à l'entreprise et qu'il s'est passé ce qui s'est passé et qui a été absolument dramatique, on doit se poser les questions à la fin".
En tant qu'ancien président du conseil d'administration de France Télécom, Didier Lombard devrait toucher une "retraite-chapeau" de 300.000 euros, selon les modalités prévues par les statuts de l'entreprise, une somme qui viendrait s'ajouter à sa retraite "de base" de haut dirigeant.
Par ailleurs, il devrait également toucher des indemnités retraite en tant qu'administrateur aux conseils de Technicolor et Thales, et comme membre des conseils de surveillance de STMicroelectronics et de Radiall, des fonctions pour lesquelles il touche plusieurs dizaines de milliers d'euros par an en jetons de présence, selon une source interne.
Didier Lombard est également en possession de quelque 300.000 stock options.