La maison de luxe Hermès a affiché, comme ses concurrents, des bénéfices et une rentabilité record en 2010, espérant que 2011 sera à la hauteur malgré une environnement économique "instable" et elle a nié tout contact avec le géant LVMH, actionnaire "ni désiré ni désirable".
Même si Hermès n'a de cesse d'expliquer que sa culture d'entreprise n'est pas compatible avec celle de LVMH (Vuitton, Givenchy, Moët&Chandon etc), les deux sociétés ont au moins un point commun: des chiffres record pour 2010, tant en vente qu'en bénéfice.
Vendredi, le sellier a annoncé des bénéfices en hausse de 46% en 2010 à 421,7 millions d'euros et une rentabilité jamais atteinte à 27,8% après des ventes record annoncées il y a un mois de 2,4 milliards d'euros (+25,4%).
LVMH avait fait de même début février avec des bénéfices en hausse de 73% et un chiffre d'affaires dépassant pour la première fois les 20 milliards d'euros.
Pour 2011, le gérant d'Hermès Patrick Thomas avoue que l'exercice sera sans doute difficile à refaire, 2010 ayant bénéficié d'un net rebond du luxe, dopé principalement par l'Asie et notamment la Chine mais aussi le tourisme asiatique.
Les marchés matures - Europe et Amérique du Nord - ont également affiché une "bonne dynamique".
Hermès espère que 2011 "ira encore mieux que 2010", mais a ajouté M. Thomas, "le luxe n'est pas sorti de la crise" et n'est pas à l'abri de "nouveaux soubresauts" économiques mondiaux.
Fidèle à la légendaire prudence de la maison du 24 Faubourg Saint-Honoré à Paris, célèbre pour ses sacs et ses foulards de soie, il s'est borné à réaffirmer viser une croissance de l'activité de 8 à 10% cette année, même si les ventes de début d'année vont "très bien".
Il craint en effet une "ambiance économique mondiale instable" qui pourrait affecter un secteur où les produits "ne sont pas de première nécessité".
Pressé de questions lors de la présentation des résultats, il a réaffirmé l'opposition de la maison à l'entrée surprise fin octobre de LVMH au sein de son capital, un actionnaire toujours pas "ni désiré ni désirable" qui détient 20,21% d'Hermès.
"Nos cultures sont incompatibles", a résumé M. Thomas opposant celle d'Hermès autour de l'objet et de créativité à celle des groupes financiers qui "échangent des développements à long terme contre des profits à court terme".
Patrick Thomas a démenti encore toute dissension au sein de la famille en général et entre branches en particulier (ndlr, entre les Dumas, Guerrand et Puech), même de la part de ceux qui n'y travaillent pas.
De même, il a assuré qu'il y avait "moins d'exilés fiscaux" qu'on ne le dit dans la famille et que c'est bien en France que sera le siège du futur holding, la parade trouvée par Hermès pour être sûr que personne ne sera tenté de vendre directement ses actions au PDG de LVMH, Bernard Arnault.
"Le holding est un message pour dire que nous sommes là et pour longtemps", a-t-il assuré.
Ne lâchant rien, le gérant d'Hermès a encore dit que la maison n'avait "aucune discussion ou contact" avec LVMH.
De même, il a décliné les offres récentes de synergies formulées par le patron du groupe Bernard Arnault lui enjoignant une nouvelle fois de revendre une bonne partie de ses actions pour que "le flottant (actions encore disponibles sur le marché, moins de 8% en l'occurrence ndlr) puisse fonctionner normalement".
Le titre justement prenait 1,52% à 153,65 euros vendredi peu avant 14h30 (13h30 GMT).
"La meilleure protection d'Hermès, c'est sa performance" boursière, a encore dit M. Thomas tout comme son "trésor de guerre", près d'un milliard d'euros.