Les prix élevés du pétrole commencent à affecter la demande, qui tend à faiblir depuis quelques mois, tandis que l'offre a été nettement plombée par les arrêts de production en Libye, a souligné mardi l'Agence internationale de l'énergie (AIE).
"Il y a un vrai risque qu'un pétrole se maintenant à plus de 100 dollar le baril ne soit pas compatible avec le rythme de la reprise économique", écrit l'agence dans son rapport mensuel.
L'AIE, dont le siège est à Paris, a déjà observé que "la croissance de la demande mondiale de pétrole montre des signes de ralentissement depuis quelques mois, affectée par les prix très élevés".
Après six révisions à la hausse consécutives, l'Agence maintient toutefois ses prévisions inchangées de demande d'or noir pour cette année: elle prévoit comme le mois dernier que la demande atteindra 89,4 mbj cette année (+1,6% par rapport à l'an dernier).
L'Agence s'attend à une demande en hausse de la part des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), prévoyant notamment que le Japon va accroître sa consommation dès le deuxième trimestre 2011 pour reconstruire le pays après la catastrophe nucléaire.
La demande des pays non membres de l'OCDE est à l'inverse attendue en baisse par l'AIE.
Au total, la demande mondiale croîtrait toujours cette année, mais moins que l'an dernier, où la consommation a été de 87,9 mbj (+3,4% par rapport à 2009), estime toujours l'AIE.
La production mondiale de pétrole a de son côté chuté en mars, de 700.000 barils par jour à 88,3 mbj, en raison d'une baisse de production en Libye de près de 70%. Celle-ci est tombée d'environ 935.000 bj à 450.000 bj en mars et est désormais quasiment au point mort après l'attaque de plusieurs champs pétroliers dans l'est du pays, selon l'AIE.
L'offre des pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a ainsi diminué de 890.000 bj en mars.
Or, "la perte de production libyenne et la flambée des cours de 25-30% depuis le début de la crise mi-février ont pour le moment suscité peu de réponses de la part des autres membres de l'Opep", estime l'Agence.
"Les pays producteurs continuent de nier la nécessité de tenir une réunion extraordinaire pour parler de l'offre avant celle prévue en juin, en arguant que le marché a assez de pétrole", poursuit-elle.
D'autant que les arrêts de production en Libye devraient durer plusieurs mois, selon elle.
En mars, cette baisse de production a tout de même été compensée par une hausse de l'offre chinoise ou brésilienne.
La production des pays de l'Opep reste de son côté supérieure aux niveaux des années passées, grâce notamment à une hausse de la production en Arabie Saoudite depuis le début de l'année, souligne aussi l'AIE.
Mais, estime l'agence, la demande d'or noir adresssée aux pays membres de l'Opep devrait "de nouveau augmenter nettement dans la seconde moitié de l'année 2011". "Tout dépendra de la façon dont la situation va évoluer en Libye", ajoute-t-elle.