Le Premier ministre japonais Naoto Kan va tenter de convaincre ses partenaires du G8 lors d'un sommet cette semaine en France que le Japon est en passe de gagner la bataille contre la plus grave catastrophe nucléaire depuis 25 ans.
M. Kan va dresser un tableau de la situation en cours à la centrale Fukushima Daiichi (N°1), endommagée par le violent séisme et le tsunami géant du 11 mars qui ont fait quelque 25.000 morts et disparus dans le nord-est du Japon.
Cette triple catastrophe, la plus importante subie par l'archipel depuis la Deuxième guerre mondiale, n'a pas épargné le Premier ministre, déjà très impopulaire et critiqué pour la façon dont le gouvernement a géré la crise.
Les progrès pour stabiliser la situation à la centrale nucléaire sont jugés trop lents. L'opérateur Tokyo Electric Power (Tepco) répète qu'il est dans les temps pour parvenir à refroidir les réacteurs d'ici janvier mais les dégâts apparaissent au fil des semaines beaucoup plus graves que ce qui était prévu.
M. Kan s'est prononcé pour une réforme de l'industrie nucléaire et une réorganisation des organes de contrôle du gouvernement, afin de tenter de restaurer la confiance internationale dans le secteur de l'énergie atomique du Japon.
Tepco est de son côté critiqué pour ne pas avoir pris de dispositions suffisantes face au danger d'un séisme et d'un tsunami, un reproche qui n'épargne pas les organismes de l'Etat jugés laxistes.
"Peut-être le mythe de la sûreté était trop fort", a reconnu le ministre nippon de l'Economie et du Commerce extérieur, Banri Kaieda.
M. Kan s'est d'autre part engagé à revoir les projets de développement de la part de l'énergie nucléaire dans les besoins de l'archipel, bien qu'il ait peu d'options à sa disposition en raison de l'absence totale de ressources énergétiques au Japon, relèvent les analystes.
"Nous allons voir si M. Kan est vraiment sérieux dans ses déclarations", juge Paul Scalise, de l'Université Temple de Tokyo.
"Avec la rotation rapide des Premiers ministres au Japon, il y a peu de risques que les responsables politiques soient tenus personnellement responsables de leurs promesses par l'électorat", rappelle-t-il.
M. Kan, 64 ans, est le cinquième Premier ministre en l'espace de cinq ans.
Des dizaines de milliers de personnes ont été évacuées de leurs maisons et de leurs fermes, contraintes d'abandonner tout derrière elles, dans une zone d'un rayon de 20 kilomètres autour de la centrale. M. Kaieda les a qualifiées de "victimes de la politique nationale".
Les dédommagements sont évalués à quelque 10.000 milliards de yens (87 milliards d'euros).
Les récentes inspections menées par Tepco ont confirmé ce que craignaient les experts: les barres de combustible dans le coeur du réacteur 1, qui doivent normalement être totalement immergées, ont fondu après avoir été exposées trop longtemps à l'air à la suite d'une panne des systèmes de refroidissement hydraulique.
La situation dans les réacteurs 2 et 3 serait identique.
Le Japon a adopté une rallonge budgétaire d'urgence de 4.000 milliards de yens (35 milliards d'euros) pour financer la reconstruction dans les zones dévastées par le tsunami et envisage une deuxième rallonge qui serait financée par l'émission d'obligations d'Etat.
Toutefois, l'archipel est dans le collimateur des agences de notation financière, inquiètes de voir la catastrophe du 11 mars aggraver la dette publique japonaise déjà colossale, qui représente 200% du PIB, soit la plus forte parmi les pays développés.