Le directeur général de Renault Patrick Pelata a indiqué que le constructeur automobile avait sans doute été victime d'une "manipulation" dans l'affaire d'espionnage présumé le concernant, lors d'un entretien lundi à Matignon, affirme Libération sur son site internet mercredi.
Selon Libération, le directeur général de Renault, qui s'est entretenu avec un conseiller du Premier ministre, François Fillon, et le ministre de l'Industrie, Eric Besson, "a indiqué que le groupe envisage désormais avoir été victime d’une manipulation".
"Renault soupçonne en effet que deux des trois cadres ne disposeraient pas de comptes à l’étranger et auraient donc été victimes d’un règlement de comptes internes", ajoute le journal.
En revanche, "le constructeur continue à soupçonner le troisième, probablement Michel Balthazar, membre du comité de direction, qui aurait bien reçu de l’argent sur un compte bancaire à l’étranger", toujours selon Libération.
Interrogé par l'AFP, Matignon confirme l'existence d'une réunion avec un conseiller de Fillon lundi, sans autre détail.
Eric Besson, ministre de l'Industrie, a également "confirmé" avoir reçu M. Pelata. "Je l'ai reçu lundi après-midi à sa demande et il a fait le tour de toutes les questions d'actualité qui concernent Renault", a-t-il précisé.
"Nous avons parlé de questions industrielles bien sûr d'abord", a-t-il ajouté et "il m'a fait le point sur la vision qu'a Renault de l'enquête en cours, la vision du côté de Renault".
"Vous comprendrez que je ne peux faire aucun commentaire, d'autant que la justice est saisie, qu'il y a des enquêtes en cours", a-t-il dit.
Interrogée par l'AFP, une porte-parole de Renault a pour sa part indiqué qu'il y avait "plusieurs hypothèses: soit les commissions rogatoires reviennent et il y a des comptes en Suisse et au Liechtenstein", soit "les commissions rogatoires sont vides et dans ce cas on souhaite savoir ce qui s'est passé".
"Si on a été victime d'autre chose, effectivement ça peut être une manipulation", a-t-elle reconnu en ajoutant qu'en "aucun cas on aurait dit que deux des trois cadres ne disposent pas de comptes à l'étranger".
L'affaire d'espionnage industriel chez Renault a éclaté début 2011 avec la mise à pied puis le licenciement de trois cadres haut placés, à la suite d'une enquête interne consécutive à l'envoi de courriers anonymes.
Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris en janvier après la plainte contre X déposée par Renault notamment pour vol en bande organisée et confiée à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI).
Les cadres licenciés sont soupçonnés d'avoir touché des pots-de-vin via des comptes bancaires en Suisse ou au Liechtenstein. Une source judiciaire a indiqué mardi à l'AFP que le parquet s'attend à obtenir d'ici 8 à 10 jours des réponses sur l'existence éventuelle de ces comptes.