Willie Walsh, le patron de British Airways (BA) et futur directeur général du groupe devant naître de sa fusion avec Iberia a défendu vendredi un mariage applaudi par la Bourse, mais qui génère déjà des critiques au sein de la concurrence et des inquiétudes chez les syndicats.
Jeudi soir, BA et Iberia ont scellé leur projet de fusion annoncé en juillet 2008, en annonçant qu'elles allaient s'unir dans un nouveau groupe d'ici la fin 2010, qui sera numéro deux européen derrière Lufthansa par la valeur boursière.
Il sera détenu à 55% par les actionnaires actuels de la compagnie aérienne britannique, et à 45% par ceux de sa partenaire espagnole.
"C'est un développement très positif" qui va créer "un nouveau groupe de compagnies aériennes capables de participer à la compétition à une échelle véritablement mondiale", a lancé vendredi le directeur général de BA, Willie Walsh, qui dirigera le nouvel ensemble, au micro de la BBC Radio 4.
Les analystes ont applaudi chaudement ce mariage (encore soumis à conditions), qui doit permettre aux deux compagnies, toutes deux déficitaires, de réduire leurs coûts, même si elles continueront à fonctionner de manière autonome. Elles visent 400 millions d'euros d'économies annuelles au bout de cinq ans.
Mais, surtout, elles espèrent accroître leur chiffre d'affaires, en "jouant plus sur un pied d'égalité avec Air France-KLM et Lufthansa", a salué Howard Wheeldon, stratégiste chez BGC Partners.
Les investisseurs ne s'y sont pas trompés. Jeudi, le cours de Bourse de BA a grimpé de 7,5% et celui d'Iberia de près de 12%, dans l'anticipation de l'accord entre les deux transporteurs.
Mais ce mariage inquiète les syndicats, qui se battent déjà contre de lourdes suppressions d'emplois chez BA comme chez Iberia. S'ils ont reconnu que cette fusion confortait l'avenir des deux compagnies, ils redoutent l'impact sur l'emploi, non encore chiffré.
Unite, le principal syndicat britannique du secteur, a réclamé une réunion d'urgence avec M. Walsh, et prévenu qu'il ne soutiendrait pas la fusion sans garantie qu'il n'y aurait pas de licenciements forcés.
En Espagne, un porte-parole du syndicat CC.OO a également dit souhaiter "la garantie des emplois en Espagne", tandis que le président du syndicat des personnels de cabine (Sitcpla), Antonio Escobar, demandait que les incertitudes sur l'avenir des personnels soient levées.
M. Walsh a tenté d'apaiser ces craintes, en expliquant que la fusion entre BA et Iberia "va créer une entité beaucoup plus forte", dans un secteur en pleine concentration.
"Je pense que nos salariés reconnaissent que le secteur se consolide autour de nous, ils ont vu Air France et KLM s'unir, et Lufthansa racheter Swiss, Austrian et Brussels Airlines", a-t-il souligné.
L'opération a aussi déclenché de vives critiques chez les concurrents.
Virgin Atlantic, concurrente acharnée de BA depuis 25 ans, a répété que cette union allait "renforcer la domination de BA" sur l'aéroport londonien de Heathrow et les vols transatlantiques.
Mais la plus sévère a été Ryanair, qui a fustigé un nouveau rapprochement entre deux compagnies "à tarifs élevés, qui sont obligées de fusionner parce qu'elles sont incapables de concurrencer" ses vols à bas prix.
"La fusion entre BA et Iberia ressemble à deux ivrognes qui essayent de se soutenir l'un l'autre", a affirmé le porte-parole de la compagnie irlandaise, Stephen McNamara.
Et Ryanair a parié qu'elle dépasserait le nouvel ensemble en nombre de passagers, son trafic ne cessant d'augmenter alors que ceux de BA et d'Iberia reculent.