L'équipementier automobile allemand Continental a décidé de lancer une augmentation de capital d'un montant maximum d'un milliard et demi d'euros, alors que son patron, maintenu pour le moment, pourrait quitter le navire prochainement.
Signe de la très vive tension qui régnait autour du conseil de surveillance, la réunion prévue au siège de Hanovre (nord de l'Allemagne) à partir de 12H00 GMT, commençait avec trois heures de retard.
En guise d'entrée en matière, le groupe familial Schaeffler, actionnaire principal du groupe, avec à sa tête la veuve Maria-Elisabeth, cherchait à obtenir le départ du patron de "Conti" Karl-Thomas Neumann, selon une source officieuse.
Cette tentative échouait, se heurtant notamment à l'opposition des syndicats, qui ont empêché que la majorité des deux-tiers nécessaire à son éviction soit réunie, selon le Süddeutsche Zeitung (SZ).
Après le conseil de surveillance, le vice-président du groupe Werner Bischoff, cité dans le quotidien bavarois, estimait que les relations entre Neumann et Schaeffler étaient "très fortement dégradées", et que, selon lui, M. Neumann allait quitter le groupe dans les deux semaines à venir.
Le départ du patron de Continental serait "une mauvaise décision", a ajouté M. Bischoff, toujours cité dans le SZ.
La porte-parole du groupe a confirmé que M. Bischoff s'était exprimé face aux journalistes, mais elle s'est contentée de dire que "M. Neumann est toujours le patron de Continental au terme de la réunion du conseil de surveillance, sinon nous l'aurions écrit dans le communiqué", tout en refusant de commenter les spéculations sur un éventuel départ dans quelques jours ou semaines.
M. Neumann a néanmoins obtenu du conseil de surveillance un feu vert pour une augmentation de capital d'un montant de 1,5 milliards d'euros au maximum. Le groupe va, en outre, lancer des négociations avec ses banques créancières pour refinancer une échéance de 3,5 milliards d'euros qu'il doit théoriquement rembourser en août 2010.
Les deux équipementiers se déchirent depuis des mois, après l'acquisition l'an passé de 90% de Continental par Schaeffler. Depuis, en vertu d'un accord signé par les deux parties, Schaeffler a conservé 49% du capital et parqué le reste auprès des banques.
Mais, en pleine crise, le groupe familial s'est révélé incapable de mener le rapprochement avec sa proie. Schaeffler a acheté son compatriote près de trois fois plus cher que le cours actuel de l'action et s'est endetté à hauteur de 11 milliards d'euros.
Résultat, en avril, le patron de Continental, qui doit lui aussi lutter contre un endettement de 11 milliards d'euros, s'était impatienté et avait demandé un plan dans les 100 jours.
Schaeffler, lui, continue de défendre "l'union des deux entreprises", selon un porte-parole. Selon la presse, le spécialiste des roulements à bille cherche en fait à gagner du temps, pour se remettre de la crise et renforcer sa position face à "Conti".
M. Neumann pouvait au moins se targuer d'un premier semestre encourageant, car si le groupe a encore affiché une lourde perte de 457 millions d'euros, du point de vue opérationnel, il a vu ses résultats revenir dans le vert au deuxième trimestre.
L'équipementier estime ainsi avoir atteint "un point d'étape important", selon son patron. Le groupe a surtout profité de la vaste restructuration engagée pour réduire les coûts, "la plus importante de l'histoire de l'entreprise".
Continental avait annoncé en mars la fermeture de l'usine française de Clairoix (nord de Paris), provoquant une lutte de quatre mois des 1.120 salariés qui ont obtenu une prime supplémentaire de 50.000 euros.