Le secteur du logement neuf en France a subi un sérieux coup d'arrêt en mars avec un effondrement des mises en chantier et une baisse des permis de construire, liés à la crise de la dette et à la diminution des aides publiques.
Les mises en chantier de nouveaux logements ont dégringolé de 12,9% en France pour la période allant de janvier à mars 2012, comparée à la même période en 2011, et le nombre des permis de construire est lui aussi passé dans le rouge, en baisse de 0,6%, a annoncé mardi le ministère du Logement.
En février, ces indicateurs de la santé de la construction française avaient déjà connu une nette décélération: les mises en chantier avaient progressé de 2,7% et les permis de construire de 8,5% sur un an pour la période entre décembre 2011 et février 2012.
En décembre et janvier, les mises en chantier de logements neufs avaient augmenté respectivement de 26,6%, et de 26,7%.
Pour Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université Paris-Ouest, "c'est un sérieux coup d'arrêt sur la construction. La situation est comparable à celle du début des années 1990 quand l'activité avait baissé sans perspectives de redémarrage à un horizon rapproché. Ca n'est pas conjoncturel".
Les ventes de logements neufs par les promoteurs ont également chuté en France de 10,5% en 2011, avait indiqué fin février le ministère du Logement.
"C'est le reflet d'une crise plus profonde, avec la dette, un soutien public défaillant et un marché du crédit à la peine", relève M. Mouillart.
La baisse de l'octroi de nouveaux crédits à l'immobilier pourrait atteindre 20% en 2012 comparé à 2011, avait indiqué le 12 avril l'agence d'évaluation financière Standard and Poor's.
Le secteur de la construction a "descendu une grande marche, en deux temps", explique M. Mouillart: les mises en chantier, y compris dans le neuf, ont représenté 94.470 logements au premier trimestre 2012, contre 133.567 le trimestre précédent, soit une baisse de 29,3%.
Si bien que sur l'ensemble de 2012, les mises en chantier pourraient baisser de près de 10% par rapport à 2011, prédit ce spécialiste.
Le secteur des logements individuels, très révélateur de la demande, a été touché le premier, avec un dernier trimestre 2011 "qui n'a pas été bon, en raison de la crise de la dette et ses conséquences en terme de chômage, de perte de pouvoir d'achat, de bouclages de plans de financement, etc.", explique M. Mouillart.
Le recentrage du prêt à taux zéro (dit PTZ+), désormais réservé aux logements neufs, a entraîné un nouveau ralentissement des mises en chantier sur la période de janvier à mars: la chute a atteint 18% dans la construction de logements individuels purs.
En outre en 2012, pour sa dernière année, le dispositif "Scellier", pour les investisseurs achetant des logements neufs pour les louer, a été de nouveau "raboté" à un taux de 13%, contre 22% en 2011, ce qui a incité de nombreux promoteurs, au vu aussi de la conjoncture économique, à fortement ralentir le lancement de nouveaux programmes et le dépôt de permis de construire.
Les mises en chantier de logements collectifs ont donc été très nombreuses au dernier trimestre 2011 (72.602), avant de chuter au premier trimestre 2012 à 43.864 logements commencés.
"La construction de collectifs sociaux souffre aussi, avec des collectivités locales mal en point financièrement, le 1% raboté, et des bailleurs sociaux qui se retrouvent dans la même situation que les autres acteurs du secteur", ajoute M. Mouillart.
Outre la construction de logements neufs, les agences immobilières s'inquiètent de la forte baisse des transactions des logements anciens en France même si la diminution des prix reste limitée, surtout à Paris.