L'emballement de la crise financière, attisé mardi par l'appel grec au référendum sur l'accord européen et la panique boursière qu'il entraîne, pousse les banques à licencier en masse, et a fait une première victime de taille aux Etats-Unis, le courtier MF Global.
Ce dernier, un leader sur les matières premières et produits dérivés, était sur la sellette depuis l'été, après avoir reconnu être exposé à hauteur de 6,3 milliards de dollars à la dette publique européenne, dont une majorité de titres des pays périphériques, Italie et Espagne.
Son conseil d'administration l'a placé sous la protection de la loi des faillites, clouant le cercueil de la première importante victime américaine de la crise de la dette souveraine en Europe.
Plus largement, cette crise qui n'en finit pas de rebondir, encore lundi avec la décision grecque d'organiser un référendum sur l'accord européen de la semaine dernière, pousse chaque fois plus les banques vers des horizons incertains, auxquels elles se préparent en taillant dans leurs effectifs.
Depuis cet été, ce sont des milliers de salariés du secteur financier qui s'apprêtent à débarrasser leurs bureaux.
Mardi, la plus grande banque danoise, Danske Bank, a annoncé prévoir 2.000 suppressions emplois dans le cadre d'un programme de réduction de ses dépenses de 10%, sur trois ans.
"Nos résultats sont affectés par la crise financière, par les nouvelles règles financières et par des coûts de financement élevés", selon un communiqué.
La deuxième banque helvétique Credit Suisse a aussi annoncé mardi la suppression d'environ 1.500 postes supplémentaires.
Ce ne sont que les deux derniers noms d'une longue liste qui s'égrenne depuis des mois sur laquelle apparaissent Bank of America, Société Générale, Nordea, HSBC, ABN Amro, Lloyds...
Outre la nécessité de se préparer à un environnement hostile, un des éléments qui explique ces coupes "est très clairement la contraction de la sphère financière depuis la crise des subprimes en 2007. Aujourd'hui, il y a beaucoup moins de volume sur les marchés, globalement", explique Christian Parisot, économiste chez Aurel BGC.
"Les banques réduisent la voilure pour des raisons de prise de risque", analyse-t-il, ajoutant que ce sont des pans entiers de l'activité des banques qui sont sacrifiés. Ainsi les activités en compte propre pour la banque sont abandonnées afin de pouvoir tenir les obligations de ratio financier.
La décision grecque de convoquer un référendum va encore accentuer la pression, et fait souffler un vent de panique sur les marchés financiers mardi, qui éreinte en premier lieu les banques.
"Retour à la panique", préviennent les analystes de BNP-Paribas. Pour ceux de CM-CIC, elle "va contribuer à renforcer plus encore l’aversion au risque, risquant en effet de faire dérailler une large part du package mis en place pour crédibiliser la solvabilité de l’ensemble de la zone euro, et surtout de ses banques".
Tout le travail accompli depuis des semaines par les gouvernements européens, houspillés par les grands pays du globe, et l'accord obtenu in extremis la semaine dernière sur le fonds de secours européen ainsi que la décote de 50% imposée aux banques créancières de la Grèce, risque de se retrouver balayé, à la veille du G20 de Cannes.
Un "non" grec dans les urnes dévoilerait les pires perspectives pour les banques: défaut pur et simple, ou encore sortie de la Grèce de la zone euro.
Tous les calculs sur la recapitalisation des banques réalisés jusqu'ici se retrouveraient caducs, contraignant les établissements financiers à des efforts supplémentaires, au risque de restreindre l'accès au crédit pour l'économie réelle, accentuant les risque de récession.
Le lobby bancaire international IIF a refusé de commenter la décision grecque.
"Le risque, c'est qu'on s'achemine vers un défaut à 100% de la dette grecque", estime M. Parisot.