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Dans les banlieues américaines, difficile cohabitation avec les biches

Publié le 30/08/2013 09:05

Une fraction de seconde après l'avoir vue dans l'éclat de ses phares, près de Washington, Mike Braun percutait une biche. Bilan: 8.000 dollars de dégâts et une belle frayeur, illustration de la difficile cohabitation entre humains et cervidés en zone habitée.

"C'aurait pu être bien pire", se rappelle ce consultant, évoquant cet accident survenu en juin, sur une route reliant l'aéroport à la capitale fédérale, tard la nuit. Lui n'a pas été blessé, et même la biche s'est échappée.

Mais sa mésaventure illustre les tensions qui opposent dans plusieurs banlieues américaines, les hommes et leurs voisins bondissants. Les cervidés y sont souvent causes d'accidents --plus d'un million entre juillet 2011 et juin 2012, selon une étude--, et contribuent aussi à la disparition du sous-bois dans les forêts et à la transmission de maladies.

Peu farouches, elles s'aventurent en zone pavillonnaire, jusque dans les jardins, venant se délecter des fleurs et du gazon, au grand dam des banlieusards qui voient d'un mauvais oeil ces intrusions intempestives dans le périmètre de leur vie privée.

Au point que des battues à l'arme à feu sont organisées régulièrement --comme dans Rock Creek Park, un parc national qui s'étend au coeur de Washington et remonte vers les banlieues coquettes du nord-ouest de la ville. Mais l'usage de fusils si près d'habitations n'est pas pour rassurer les habitants.

Certains, agacés de voir leurs jardins ravagés et s'inquiétant de la propagation de la maladie de Lyme, transmise par les tiques, ont fait appel à des archers pour contenir la population des cerfs dans leur banlieue.

Avec des affûts portables et un équipement ultramoderne très éloigné de Robin des Bois, ses employés, parfois en tenue de camouflage, peuvent passer des heures perchés dans les arbres avant d'abattre les animaux à bout portant.

"Il a été prouvé que c'était très sûr", résume Gregg Brown, responsable d'une société qui chasse à l'arc biches et cerfs dans le nord de la Virginie.

Mais cette solution est pourtant loin de convaincre les défenseurs des animaux qui assurent que l'animal peut souffrir d'une lente agonie et que les flèches peuvent blesser des êtres humains ou leurs animaux de compagnie.

"La question qu'on doit se poser est: doit-on les tuer? Pourquoi ne pas trouver de meilleures solutions qui préservent la vie des animaux", relève Anja Heister. Son association In Defense of Animals, basée en Californie, a récemment déposé plainte, aux côtés d'autres groupes, contre les battues organisées à Rock Creek Park: 20 cervidés ont été abattus en mars, et une autre battue est prévue à l'automne.

Contraceptif pour biche

"Ce que je préférerais, c'est qu'on laisse ces animaux tranquilles", poursuit Anja Heister. "Mais si ce n'est pas possible, la meilleure solution, c'est la contraception", pointe-t-elle.

Près de New York, une commune tente l'expérience. "Si ça marche, ce sera excellent pour nous, parce que nous aurons enfin une solution qui n'entraîne pas de réaction --de réaction négative-- de l'opinion publique", résume Pater Swiderski, maire de Hastings-on-Hudson.

Le village qui s'étend sur quelque 5 km2, compte 8.000 habitants --et 70 à 100 cervidés. Selon le maire, ces derniers sont responsables d'une dizaine d'accidents de voiture l'an passé et de la disparition des sous-bois: "Avant, quand un arbre tombait, des jeunes pousses le remplaçaient mais (aujourd'hui), à part quelques framboisiers et des herbes folles, il n'y a pas grand chose qui survit".

Développé à l'origine --mais sans succès-- pour l'homme, le contraceptif utilisé, qui doit être injecté, s'est révélé efficace pour les cervidés et d'autres animaux, explique Allen Rutberg, directeur du Centre pour les politiques publiques concernant les animaux de la Tuft University.

"Nous cherchons une méthode qui ne gêne pas les habitants des banlieues", explique cet expert, qui travaille aux côtés du maire de Hastings-on-Hudson.

"Ce n'est pas une méthode cruelle, et ça représente une excellente alternative pour des milliers d'autres communes comme la nôtre", résume le maire Peter Swiderski. Car "nous sommes loin d'être seuls dans ce cas".

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