La Grèce a présenté lundi un plan de redressement, dont des privatisations immédiates, notamment dans les télécoms et la banque postale, ainsi qu'un sursaut de la rigueur, dans l'espoir de convaincre ses créanciers et éviter une nouvelle crise de la dette dans la zone euro.
Les premières privatisations, discutées lundi durant un très long conseil des ministres, vont porter sur l'opérateur de télécoms OTE, dont Deutsche Telekom est l'actionnaire principal, la banque postale, les ports du Pirée et de Salonique, ainsi que la société des eaux de Salonique, deuxième ville du pays, a indiqué le ministère des Finances.
Avec ces mesures, qui s'accompagnent de nouvelles économies budgétaires et d'augmentations de taxes, la Grèce espère convaincre ses créanciers de sa rigueur gestionnaire et obtenir le feu vert au versement de la cinquième tranche d'aide (12 milliards d'euros) sur les 110 milliards accordés en mai 2010 par l'Union européenne (UE), la banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI) au pays en difficulté.
La Grèce fait face depuis plusieurs semaines à une envolée historique des taux sur les marchés obligataires, illustrant le peu de confiance que lui accordent les marchés sur sa capacité à gérer elle-même sa dette et pariant sur une restructuration.
Une première copie du programme adopté lundi avait été dévoilée à la mi-avril et retoquée par les créanciers qui l'avaient jugé insuffisante.
Le plan a été musclé avec de nouvelles mesures d'économies budgétaires portées à 6,4 milliards d'euros en 2011, et à 22 milliards sur la période 2012-2015, qui doivent permettre de faire tomber le déficit public du pays à 7,5% du PIB en 2011, et à 1% en 2015.
Côté privatisations, dans le détail, l'Etat grec va se défaire "immédiatement" de la part de 16% (bien 16%) qu'il détient encore dans OTE, et de ses 34% dans la Banque postale.
Les ports du Pirée, près d'Athènes, et de Salonique dans le nord du pays, où l'Etat détient 75%, vont être intégralement cédés d'ici la fin de l'année. L'Etat se dit par ailleurs prêt à vendre d'ici fin 2011, jusqu'à 40% de la société des eaux de Salonique, où l'Etat détient 74%.
Selon le ministère, si les 50 milliards d'euros de revenus de privatisations prévus d'ici 2015 sont réalisés, la Grèce économisera 3 milliards par an sur le paiement des intérêts de sa dette qui a gonflé à 340 milliards.
Côté budgétaire, certaines dispositions sont déjà connues comme l'abaissement du nombre de contractuels de la fonction publique, ou l'augmentation du temps de travail des fonctionnaires à 40 heures par semaine au lieu de 37,5 heures.
De nouvelles mesures sont prévues, socialement très délicates, comme le durcissement des conditions d'obtention des allocations chômage, une réduction de certaines pensions de retraite complémentaires, ainsi qu'une contribution financière exceptionnelle des pensionnés âgés de moins de 60 ans.
Au chapitre fiscal, la Grèce prévoit d'abaisser le plafond d'exemption sur l'impôt sur le revenu, d'augmenter les taxes sur les signes extérieurs de richesse que sont yachts, piscines et voitures de luxe, d'augmenter les taxes sur le gaz, les boissons non alcoolisées, ainsi que les cartes grises de véhicules.
Certains produits qui bénéficiaient jusqu'à présent d'une TVA réduite à 13% vont rejoindre la liste commune à 23%.
Honnies par l'électorat, dont le soutien au gouvernement socialiste s'effrite, ces mesures risquent de peser sur l'économie, asphyxiée par près de trois ans de récession, et où le chômage frôle 16%, dont 40% chez les jeunes.
Le Premier ministre doit rencontrer les dirigeants de l'opposition mardi pour leur présenter son programme.