Nicolas Sarkozy, rentré spécialement de vacances, a présidé mercredi une réunion de crise à l'Elysée au cours de laquelle il a demandé à ses ministres François Baroin et Valérie Pécresse de lui formuler de nouvelles propositions pour réduire les déficits publics.
Un premier examen des propositions ministérielles sera fait par le président et le Premier ministre François Fillon le 17 août, avant des "décisions définitives" le mercredi suivant, le 24, jour de la rentrée politique du gouvernement avec la tenue du premier conseil des ministres d'après congés.
Ces propositions devront "garantir le respect des objectifs (de réduction des déficits) dans le cadre de la préparation du projet de loi de finances pour 2012", selon un communiqué de l'Elysée.
Depuis l'abaissement de la note de la dette américaine, dans la nuit de vendredi à samedi, qui a provoqué un coup de tonnerre sur les places boursières mondiales, le chef de l'Etat était à la manoeuvre à partir de son lieu de vacances pour tenter d'en atténuer les conséquences en France, multipliant des coups de fil avec ses homologues étrangers et ses ministres.
Finalement, il a préféré rentrer à Paris, façon pour lui d'afficher plus ostensiblement son volontarisme, alors que les places boursières jouaient au yoyo.
Face aux craintes d'un nouvelle aggravation, le message de l'exécutif se veut clair: "les engagements de réduction du déficit des comptes publics sont intangibles et seront tenus quelle que soit l'évolution de la situation économique".
Pour réduire les déficits, plusieurs options s'offrent au gouvernement: réduction des niches fiscales (il en existe plus de 500 qui coûtent 74 milliards d'euros par an), diminution des dépenses (déremboursement de médicaments...), voire augmentation des impôts (CSG, TVA...).
Le tout en essayant de ne pas casser la croissance et en faisant en sorte que la note ne soit pas -trop- salée pour les Français, à huit mois et demi de l'élection présidentielle.
Les niches fiscales avaient déjà fait l'objet d'un coup de rabot de dix milliards d'euros l'an dernier, lors d'une réunion du même type, cette fois à Brégançon, résidence présidentielle dans le Var.
Dans son programme de stabilité, transmis en avril à la Commission européenne, Paris promettait une intensification de la réduction des niches fiscales et sociales sur la période 2011-2014 avec un objectif de 3 milliards d'euros par an.
Mais "il est très probable que nous devrons aller, dans le cadre de la loi de finances 2012, au-delà des 3 milliards de réduction de niches prévus", répète François Baroin depuis mi-juillet.
En revanche, une hausse des impôts est fort peu probable, le président de la République ayant érigé en dogme le fait de ne pas les augmenter.
Nicolas Sarkozy a profité de la réunion pour lancer un nouvel appel à la "responsabilité de chacun, au-delà des clivages partisans", pour le respect de l'équilibre budgétaire, alors que l'opposition socialiste refuse toujours de voter la "règle d'or" qui permettait son inscription dans la Constitution.
Ségolène Royal, candidate à la primaire PS pour 2012, qui a qualifié de "gadget" cette règle d'or, tout en plaidant pour une réduction des déficits, a demandé mercredi "que des décisions soient enfin prises".
Preuve que le sentiment d'urgence est partagé, Jérôme Cahuzac, président PS de la commission des Finances de l'Assemblée, s'est dit prêt, vu le contexte de crise, à anticiper l'examen en commission du texte de loi qui doit entériner l'accord européen du 21 juillet. Il est normalement prévu le 31 août.