La commission des sanctions de l'Autorité des marchés financiers a réclamé mercredi 2,2 millions d'euros d'amende contre le journaliste et homme politique Nicolas Miguet pour conflit d'intérêt, a-t-il été annoncé lors d'une séance publique du gendarme de la Bourse.
M. Miguet était mis en cause dans ses recommandations d'achat de titres Belvédère, un producteur de spiritueux dont le titre a fait l'objet d'une intense activité spéculative, entre 2010 et 2011.
La réquisition, formulée par un collège spécialisé de l'AMF, n'est pas toujours suivie intégralement par le gendarme de la Bourse, comme on l'a vu lors de l'affaire LVMH/Hermès où la pénalité infligée au numéro un du luxe a finalement été moindre qu'annoncé initialement.
C'est toutefois l'une des sanctions les plus importantes jamais requises par le collège à l'encontre d'une personne physique.
Nicolas Miguet, présent devant la commission, a d'ailleurs vivement réagi en affirmant que la commission demandait "la mort de quelqu'un".
"Je gagne 50.000 euros par an", a-t-il lancé, en assurant n'avoir "jamais touché un centime". "Vous êtes dans un procès politique", a-t-il ajouté.
En 2012 (derniers chiffres connus), l'AMF a prononcé pour 18 millions d'euros de sanctions au total, mais l'institution se montre de plus en plus sévère.
Un ancien administrateur du groupe Sperian a ainsi été condamné en mai à 3,5 millions d'amende et 20 millions ont été requis contre un trader dans l'affaire Geodis.
Entre le 4 novembre 2010 et le 23 septembre 2011, Nicolas Miguet a, dans ses publications, "recommandé régulièrement d'acheter des titres Belvédère et fixé des cours élevés", a souligné la représentante du collège, Marie-Christelle Le Galvet.
Or, à ces dates, il était "engagé par un contrat prévoyant une option d'achat de 50.000 titres à 40 euros, soit 2 millions d'euros HT" pour contrer la campagne de dénigrement contre le titre, a-t-elle expliqué.
Le rapporteur de la commission a confirmé que M. Miguet n'avait "réalisé aucun profit et réalisé aucune cession de titres", ce qui n'empêchait pas "la caractérisation du conflit d'intérêt" aux dates concernées.