PARIS (Reuters) - Myriam El Khomri a défendu mardi la nécessité de son projet de réforme du Code du travail, réfutant tout parallèle avec le CPE (contrat première embauche), un dispositif que le gouvernement de droite de l'époque, en 2006, avait dû retirer face aux protestations des syndicats et de la jeunesse.
"Non, il n'est absolument pas mort-né", a dit la ministre du Travail sur RTL, en présentant son texte comme "un avant-projet" actuellement examiné par le Conseil d'Etat en vue de sa présentation en conseil des ministres le 24 mars.
Au deuxième jour des concertations menées par le Premier ministre Manuel Valls avec les partenaires sociaux, elle s'est déclarée "convaincue" que la France avait besoin de cette réforme qui vise à lutter contre les emplois précaires et favoriser les embauches en CDI (contrats en durée indéterminée).
Myriam El Khomri n'a pas voulu anticiper le résultat des consultations, avec des discussions centrées selon elle sur les "modalités de deux mesures qui font débat, qui sont celles relatives aux licenciements".
Le secrétaire général de Force Ouvrière, Jean-Claude Mailly, a réclamé à nouveau de son côté sur Radio Classique le retrait du projet de loi, contre lequel une majorité de syndicats ont appelé à une mobilisation le 31 mars, avec une première étape ce mercredi.
"Aujourd’hui le gouvernement est surtout dans l’expectative de voir ce que vont donner les mobilisations", a-t-il dit, avant de souligner qu'il y avait mercredi "à peu près 120 rassemblements de prévus, c’est un tour de chauffe."
Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, a jugé sur France Inter que "chacun est dans son rôle".
"Le rôle des organisations syndicales, c'est de défendre les salariés, le rôle des organisations patronales, c'est de défendre les employeurs, le rôle du gouvernement, c'est de défendre l'intérêt général", a-t-il dit.
Dans ce contexte, Myriam El Khomri s'est inscrite en faux contre les parallèles faits entre son projet et le CPE, un dispositif contre lequel elle a reconnu avoir manifesté, par ceux qui pensent que le gouvernement devra reculer.
"Ce n'est absolument pas la même chose", a-t-elle déclaré. "Il s'agissait d'un contrat et d'un salaire au rabais en direction des jeunes. Aujourd'hui, dans ma loi, il y a par exemple le droit à la nouvelle chance pour les jeunes à travers le compte personnel d'activité".
Emmanuel Macron a lui aussi insisté sur les différences entre les deux projets.
"On est dans une situation qui est très différente, avec un texte qui est très différent. J'entends celles et ceux qui choisissent d'être des Cassandre. Je dis simplement il faut regarder le pays en face, il faut regarder si tout a été fait (pour l'emploi) et il faut expliquer."
(Yann Le Guernigou, édité par Yves Clarisse)