La course à la succession de Jean-Claude Trichet à la tête de la Banque centrale européenne (BCE) n'est pas encore officiellement lancée que l'Allemand Axel Weber, longtemps favori, y aurait renoncé.
Selon les médias allemands, M. Weber, dont le mandat à la tête de la banque centrale allemande vient à terme en avril 2012, rejoindrait la direction de la première banque privée allemande Deutsche Bank, ce que cette dernière a refusé de commenter.
Les chances de M. Weber, fin connaisseur des questions monétaires mais piètre diplomate, s'étaient amenuisées depuis quelques mois déjà.
Son opposition affichée au programme de rachat d'obligations publiques de la BCE, son manque de diplomatie, sa réputation de "faucon", gardien d'une orthodoxie monétaire dont il est fier mais qui inquiète nombre de ses partenaires de la zone euro en ces temps de crise de la dette publique, ont fini par jouer contre lui.
La France notamment n'a pas caché son opposition à l'arrivée de M. Weber, 53 ans, à la tête de la BCE.
Ce désamour a fini par échauder la chancelière allemande Angela Merkel, consciente que le prix à payer pour imposer M. Weber serait élevé, selon une source diplomatique européenne.
"Axel Weber voulait le poste de président de la BCE, mais il attendait que le gouvernement allemand apporte son soutien à sa candidature. Or, ce soutien n'est toujours pas venu", selon cette source.
Plusieurs autres noms sont évoqués pour succéder à M. Trichet dont le mandat s'achève le 31 octobre, parmi lesquels celui de Mario Draghi, 63 ans, gouverneur de la banque centrale d'Italie depuis 2006.
Mais son passé à la banque d'affaires Goldman Sachs, mise en cause dans la crise financière de 2008 et dont il a été vice-président pour l'international et membre du comité exécutif, le dessert.
Les pays du Nord de la zone euro sont aussi réticents à l'idée de porter un autre représentant du Sud à la direction de la BCE, le poste de vice-président étant actuellement occupé par le Portugais Vitor Constancio, notent les analystes de Barclays Capital.
Parmi les autres candidats potentiels fréquemment évoqués figurent un autre Allemand, Klaus Regling, président du Fonds européen de stabilité financière (FESF), le président de la Banque centrale du Luxembourg Yves Mersch et celui de la Banque de Finlande Erkki Liikanen.
"Si M. Weber quittait la Bundesbank pour un nouveau rôle, cela augmenterait considérablement de notre point de vue les chances de M. Regling de succéder à M. Trichet", écrivent les analystes de Barclays tandis que ceux de Natixis voient en lui "un très bon candidat".
Mais selon une source diplomatique européenne, le fait qu'il n'ait jamais été banquier central amenuisent ses chances.
"J'ai un très bon poste", s'est contenté de répliquer M. Regling interrogé sur cette éventualité mercredi, en marge d'une audition par des parlementaires allemands à Berlin, selon l'agence Dow Jones Newswires.
L'Allemand Jürgen Stark, chef économiste de la BCE, est également pressenti mais sa candidature poserait des difficultés juridiques notamment en raison du mandat qu'il occupe déjà au sein du directoire de la BCE, note une source diplomatique européenne.
Les tractations officielles pour ce poste "hautement politique", note Barclays Capital, n'ont toutefois pas encore commencé.
C'est à l'Eurogroupe, réunion des ministres des Finances des États membres de la zone euro, qu'appartient la charge de désigner un candidat qui devra être adoubé par le Conseil européen à la majorité qualifiée.
Personne ne s'attend à ce qu'un successeur émerge avant le printemps, voir le début de l'été même si la question sera évoquée en coulisses dès le sommet européen de mars sur fond de tractations sur l'élargissement du fonds de soutien et la réforme de la gouvernance économique de la zone euro.