Poussée par les produits alimentaires, la hausse des prix en Chine s'est accélérée en juin à 6,4%, son plus haut niveau en trois ans, mais les analystes pensent que les mesures prises par Pékin pour endiguer l'inflation produiront leurs effets au deuxième semestre.
La lutte contre la hausse des prix, qui a provoqué par le passé des remous sociaux, est la priorité économique numéro un du gouvernement.
L'inflation érode la valeur de l'épargne, très élevée, des Chinois et frappe également de manière disproportionnée les ménages les plus pauvres, qui dépensent une plus grande part de leurs revenus pour se nourrir.
En juin, les prix des produits alimentaires ont grimpé de 14,4% sur un an, et celui du porc, la première viande consommée dans le pays, a bondi de 57,1%, a rapporté le Bureau national des statistiques (BNS).
Tandis que les intempéries qui ont frappé la Chine au printemps ont localement provoqué des envolées de prix sur les marchés agricoles, ces derniers attirent surtout beaucoup de capitaux spéculatifs.
Le Premier ministre Wen Jiabao a reconnu en juin que le gouvernement aurait du mal à atteindre son objectif de limiter l'inflation à 4% pour l'ensemble de l'année 2011, arrêté en mars, et indiqué que Pékin essaiera de contenir la hausse des prix à 5%.
L'indice des prix à la consommation pour juin est le plus élevé depuis juin 2008, lorsqu'il avait atteint 7,1%.
La pression inflationniste devrait se relâcher au deuxième semestre, selon les analystes, les mesures prises par le gouvernement pour endiguer la hausse des prix commençant à porter leurs fruits.
"Il ne faut pas paniquer par rapport au chiffre de l'inflation du mois de juin", a réagi Zhang Liqun, économiste du Centre de recherche sur le développement, un organisme proche du gouvernement, cité par l'agence Chine nouvelle. Selon le BNS comme pour M. Zhang, la hausse des prix est due en majeure partie à un "effet de traîne" de facteurs inflationnistes hérités de l'an passé.
Juin "est très probablement le pic de la hausse des prix à la consommation pour cette année", a déclaré à l'AFP Ken Peng, économiste chez BNP Paribas à Pékin.
Shi Weixiang, de la maison de courtage Guotai Junan Securities, est plus réservé: "Le marché ne croira vraiment que l'inflation a atteint son pic que lorsque seront connus les indicateurs pour juillet", a-t-il dit à l'agence Dow Jones.
"En juillet, la hausse des prix atteindra peut-être aussi un niveau élevé, mais ensuite, nous assisterons à une modération graduelle de l'inflation en Chine", a estimé de son côté jeudi Qu Hongbin, économiste chez HSBC. "La hausse des prix devrait ralentir de manière continue après juin pour atteindre entre 4% et 4,5% vers la fin de l'année et se maintenir à ce niveau pour quelques années", prédit aussi Lu Ting, économiste chez Bank of America-Merrill Lynch, dans une note d'analyse.
L'inflation en Chine est en partie la conséquence du plan de relance de l'économie adopté fin 2008 pour contrer les effets de la crise financière mondiale sur les exportations chinoises. Le gouvernement avait débloqué 4.000 milliards de yuans (434 milliards d'euros) et permis aux banques de distribuer généreusement des crédits, dont le volume accordé en 2009 avait presque doublé à 9.600 milliards de yuans (1.041 milliards d'euros).
Pour lutter contre une augmentation trop rapide la quantité de monnaie en circulation, qui alimente l'inflation, la banque centrale a relevé cinq fois depuis octobre les taux d'intérêt et plus de fois encore les réserves obligatoires des banques, limitant l'argent que celles-ci peuvent prêter.
Ces mesures devraient aussi se traduire par une modération de la croissance chinoise, qui avait encore atteint 9,7% au premier trimestre, après avoir caracacolé à 10,3% en 2010. La hausse du Produit intérieur brut au deuxième trimestre doit être annoncée mercredi.