Le président de la Banque centrale allemande Jens Weidmann a démenti catégoriquement que son institution puisse tolérer un peu plus d'inflation pour contribuer à améliorer la situation de la zone euro, dans un entretien à paraître vendredi dans le Süddeutsche Zeitung.
Il s'agit d'un "débat absurde". "En tant que partie prenante de la zone euro, nous sommes mandatés pour contenir l'inflation dans une moyenne de 2% par an", a-t-il déclaré, alors qu'un rapport d'un économiste de la Bundesbank interprété par certains comme un changement de cap suggérait mercredi de tolérer un peu plus d'inflation.
"Cela peut aussi vouloir dire selon le cas, que l'inflation en Allemagne soit par moment supérieure à la moyenne, et en même temps que des des pays de la zone euro se trouvent en dessous de la moyenne", poursuit-il, selon des extraits de l'entretien diffusés jeudi soir.
"Si nous veillons, au conseil de la BCE, que l'inflation moyenne ne dépasse pas les 2%, alors l'inflation ne sortira pas de ce cadre en Allemagne. Les concitoyens peuvent se fier à la vigilance de la Bundesbank".
Mercredi, la commission des Finances de la chambre basse du parlement allemand, le Bundestag, avait reçu une "prise de position" d'un économiste de la Bundesbank dans laquelle il écrivait que "l'Allemagne pourrait dans le futur avoir un taux d'inflation plutôt supérieur à la moyenne de la zone euro".
Cela ne serait selon lui pas contraire au mandat de la BCE, défendu bec et ongles par la Bundesbank, car celle-ci doit veiller à contenir la hausse des prix proche mais sous le seuil de 2% dans la zone euro prise dans son ensemble.
La "BuBa" semblait donc prête à fermer les yeux sur un léger dérapage des prix, qui rendrait les marchandises "made in Germany" moins concurrentielles et améliorerait en conséquence la compétitivité de ses voisins en difficulté.
La concession était d'importance de la part d'une institution qui cristallise l'attachement des Allemands à une monnaie forte, nourri du souvenir de l'hyper-inflation ayant précédé l'arrivée des nazis au pouvoir.
Jeudi, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble avait déjà précisé qu'il n'était pas question pour l'Allemagne de tolérer une flambée incontrôlée des prix, mais glissé qu'une inflation "de 2 à 3% était acceptable".
L'Allemagne semblait ainsi répondre au reproche qui lui est constamment adressé, à savoir qu'elle doperait égoïstement ses exportations en contenant salaires et prix, au mépris des autres pays européens.