La Bourse de Paris est tombée vendredi à son plus bas niveau depuis six mois, clôturant sur une forte baisse de 2,21% qui l'a ramenée sous les 3.000 points, sous l'effet d'une mauvaise nouvelle pour l'emploi américain et des craintes concernant le secteur bancaire en Espagne.
L'indice CAC 40 a lâché 66,54 points à 2.950,47 points, dans un volume d'échanges de 4,629 milliards d'euros, relativement nourri par rapport à ces derniers jours.
Parmi les autres marchés européens vendredi, Francfort a lâché 3,42% et Londres 1,14%. Par ailleurs, l'Eurostoxx 50 a lâché 2,37%.
Le CAC 40, tombé à plusieurs reprises ces dernières semaines sous les 3.000 points en cours de séance, n'avait en revanche plus terminé sous cette barre depuis le 19 décembre 2011. L'indice est désormais à son plus bas depuis le 25 novembre (2.856,97 points).
"Le marché souffre du ralentissement des moteurs de la croissance mondiale, Etats-Unis et Chine, ainsi que du fait que l'Europe n'arrive pas à prendre de décisions capables de redonner de la confiance", résume Renaud Murail, gérant au sein de Barclays Bourse.
Le marché parisien a particulièrement souffert vendredi après la publication des chiffres mensuels de l'emploi américain, au point de perdre brièvement plus de 3%.
Les Etats-Unis ont réussi à créer plus d'emplois qu'ils n'en ont détruits en mai, mais à un rythme décevant, et le taux de chômage est remonté pour la première fois depuis un an, plus que prévu à 8,2%.
Les investisseurs se sont néanmoins un peu ressaisis en raison de brefs espoirs d'intervention de la Banque centrale américaine (Fed) pour soutenir l'économie.
Autre mauvaise nouvelle, l'activité des industries manufacturières a ralenti en mai plus que prévu, selon l'indice ISM.
Au total, les marchés ont été rattrapés par leurs craintes sur la croissance mondiale.
"Les Etats-Unis sont en train de subir les conséquences de la récession en Europe, tout comme la Chine et les pays émergents vont bientôt la subir", indique Yves Marçais, vendeur d'actions de Global Equities.
Ce contexte s'ajoute à la crise en zone euro, où l'incapacité de l'Espagne à sauver ses banques en difficultés inquiète au plus haut point, sans compter les incertitudes sur le sort de la Grèce.
"L'Europe souffre d'une certaine cacophonie où il n'y a pas de décisions politiques pour calmer le jeu", rappelle M. Murail.
"On a l'impression qu'il faut vraiment être au bord du ravin pour pousser les dirigeants politiques à agir", ajoute-t-il.
Pour couronner le tout, les investisseurs ont dû affronter des indicateurs décevants en Europe dans la matinée.
L'activité du secteur manufacturier s'est fortement contractée en mai dans la zone euro, retombant à son plus faible niveau depuis l'été 2009 et le taux de chômage dans la zone euro a atteint en avril le niveau record de 11%.
Parmi les valeurs, l'ensemble des secteurs ont été touchés par le recul du marché parisien mais les titres cycliques, dépendants de la conjoncture, ont particulièrement souffert.
ArcelorMittal a perdu 2,73% à 10,87 euros, Bouygues 2,18% à 19,09 euros, Lafarge 1,82% à 29,20 euros et Saint-Gobain 2,71% à 27,85 euros.
Certaines valeurs qui avaient été plutôt épargnées ces derniers temps ont été sanctionnées comme LVHM (-5,65% à 112,65 euros) et L'Oréal (-2,67% à 88,49 euros).
En revanche, les valeurs bancaires ont résisté, pour "des facteurs purement techniques" et après avoir déjà beaucoup reculé, souligne M. Murail. BNP Paribas a pris 0,72% à 25,91 euros mais Crédit Agricole a perdu 0,35% à 2,88 euros et Société Générale 0,59% à 15,97 euros.
Quelques valeurs sont arrivées à tirer leur épingle du jeu, dont Technicolor (+6,99% à 1,85 euros), titre très spéculatif, et les valeurs minières qui profitaient d'une hausse des cours de l'or. Eramet a pris 2,10% à 80,34 euros.
Les équipementiers automobiles ont pâti d'une baisse des immatriculations de voitures neuves en France, comme Plastic Omnium (-5,97% à 17,65 euros) ou Faurecia (-3,78% à 12,74 euros).
La baisse des cours du pétrole a affecté Technip (-3,62% à 71,04 euros) et Total (-2,20% à 34,00 euros).