Fiat et Chrysler ont annoncé vendredi leur intention d'investir plus d'un milliard d'euros afin de produire des Jeep et des Alfa Romeo à Turin (nord) mais demandent en échange aux syndicats des concessions afin de rendre l'usine plus compétitive.
Les deux partenaires comptent créer une "coentreprise" afin de produire des automobiles et des 4x4 Jeep et Alfa Romeo dans l'usine historique de Mirafiori, a indiqué Fiat dans un communiqué publié après la présentation du projet aux syndicats par Sergio Marchionne, directeur général des deux groupes.
Entre 250.000 et 280.000 Jeep, marque appartenant à Chrysler, et Alfa Romeo, propriété de Fiat, devraient sortir chaque année des chaînes de Mirafiori.
Plus de la moitié sera destinée à l'exportation en particulier vers les Etats-Unis. Leur lancement commercial est prévu au deuxième semestre 2012.
Ces véhicules seront assemblés sur une plateforme construite à l'origine pour l'Alfa Giulietta avant d'être améliorée par Chrysler et qui sera l'architecture de tous les modèles des segments C et D des deux groupes.
Fiat a pris le contrôle opérationnel du constructeur américain après sa sortie du dépôt de bilan en juin 2009. Grâce à la mise en commun des modèles, des usines et des réseaux de distribution des deux groupes, l'alliance entend devenir l'un des plus grands constructeurs mondiaux capable de produire 6 millions de véhicules en 2014 contre moins de 4 millions actuellement.
Chrysler vient de lancer par exemple la commercialisation de la Fiat 500 aux Etats-Unis, marquant le retour de l'italien sur le marché américain.
Mais en échange de cet investissement à Mirafiori, Fiat demande, comme à Pomigliano (sud) et dans les autres usines italiennes, des concessions des syndicats afin de rendre l'usine plus compétitive.
Inauguré en 1939, Mirafiori, siège de la branche automobile de Fiat, est le plus grand établissement du groupe avec environ 12.000 salariés dont 5.500 affectés à la production automobile. Fiat y produit notamment actuellement l'Alfa Mito ou la Fiat Multipla.
Le groupe, qui veut parvenir à un accord d'ici la fin de l'année et pourrait le soumettre à un référendum des salariés, voudrait faire fonctionner l'usine la nuit, réduire le temps de pause et augmenter le nombre d'heures supplémentaires sur le modèle de l'accord signé à Pomigliano en juin.
Cet accord avait divisé les syndicats, la Fiom-CGIL (gauche) ayant refusé de le signer car il constituait selon elle un recul social.
Vendredi, les représentants syndicaux ont affiché leur "ouverture" comme Eros Panicali de l'Uil qui souligne que le projet de Fiat "garantit le niveau de l'emploi pour les prochaines années et pourrait même l'augmenter".
Mais Giorgio Airaudo de la Fiom a indiqué qu'il s'opposerait de son côté à un accord similaire à celui de Pomigliano.
Les relations ont été tendues ces derniers mois entre les syndicats et M. Marchionne dont le style anglo-saxon assumé passe de moins en moins bien en Italie.
Avec son franc-parler habituel, l'italo-canadien a fait des vagues récemment en déclarant que Fiat gagnerait plus sans ses usines de la Péninsule qui avec 22.000 salariés ne produisent pas plus de véhicules que les 6.100 salariés du groupe en Pologne.
Au total, Fiat compte investir 20 milliards d'euros en Italie d'ici 2014 afin d'y doubler la production si les syndicats acceptent ses conditions.