Le gouvernement espagnol a écarté vendredi toute demande précipitée de sauvetage financier, affirmant que ce n'est pas une décision "qu'on prend du jour au lendemain" et qu'il analysera "avec calme et prudence" les conditions d'un éventuel recours au fonds de secours européen.
"Ce ne sont pas des décisions qu'on prend par dessus la tête ni du jour au lendemain", a affirmé la porte-parole du gouvernement Soraya Saenz de Santamaria, à l'issue du Conseil des ministres.
La BCE a annoncé jeudi le rachat illimité des obligations souveraines de maturités allant d'un à trois ans pour les pays de la zone euro qui le demanderont, mais sous certaines conditions strictes dont une demande officielle d'aide des pays aux fonds de secours européens.
Or, l'Espagne veut connaître les conditions auxquelles elle devra se soumettre avant de demander un plan de sauvetage. C'est ce qu'a rappelé de son côté le ministre espagnol des Affaires étrangères José Manuel Garcia Margallo à Paphos (Chypre), avant une réunion avec ses homologues de l'Union européenne.
Et "il n'y toujours aucune précision sur ce que signifie cette conditionnalité à laquelle a fait allusion Mario Draghi", a affirmé la porte-parole du gouvernement, alors que la question doit être abordée lors d'un sommet informel des ministres des finances de la zone euro le 14 septembre à Chypre.
En attendant, pas question de se précipiter, estime donc Madrid, en dépit de la pression de ses partenaires européens qui la pousse à réclamer un plan de sauvetage plus large que l'aide européenne d'un maximum de 100 milliards d'euros déjà accordée à son secteur bancaire.
Il y "des implications importantes pour notre pays et notre avenir et donc, le gouvernement l'analysera avec rigueur, en détails, et en soupesant chaque élément", a affirmé Soraya Saenz de Santamaria.
En attendant, les marchés ont donné un peu d'air à l'Espagne, avec une baisse des taux d'intérêt des obligations espagnoles, qui restent toutefois élevés, alors que le pays doit faire face à une échéance de dette de quelque 30 milliards d'euros en octobre.
Pour rassurer, le chef du gouvernement Mariano Rajoy a réaffirmé jeudi l'engagement de l'Espagne à réformer le pays et à réduire ses déficits, à l'occasion d'une visite de la chancelière allemande dont le pays est réticent à aider d'autres pays après la Grèce, le Portugal et l'Irlande.
Mme Saenz de Santamaria a annoncé que le gouvernement adopterait son projet de budget 2013 le 27 septembre, qui devrait être approuvé à la Chambre des députés où la droite au pouvoir dispose d'une majorité absolue.
"Ce sera aussi un élément très important pour continuer sur la voie de consolidation budgétaire", a-t-elle ajouté alors que l'Espagne a promis de réduire son déficit public de 8,9% fin 2011 à 2,8% en 2014.
L'Espagne s'est déjà engagée à économiser 102 milliards d'euros d'ici à fin 2014, au prix de coupes budgétaires douloureuses, notamment dans l'éducation et la santé, et d'un fort mécontentement qui a fait descendre des centaines de milliers de personnes dans les rues.
Une nouvelle grande manifestation, à l'appel des syndicats et de plusieurs organisations, est prévue le 15 septembre à Madrid.