La Commission européenne a renouvelé dimanche sa disponibilité à discuter avec les pays hostiles à une taxe aérienne sur la pollution, mais refuse de céder aux menaces, malgré les inquiétudes manifestées par l'Allemagne, a déclaré à l'AFP un de ses porte-parole.
"Nous avons toujours été disposés à des discussions pour parvenir à un accord général", a rappelé Isaac Valero, porte-parole de la commissaire Connie Hedegaard, en charge du dossier.
"Mais en attendant de parvenir à un tel accord, nous ne voyons pas la nécessité de revenir sur notre législation", a-t-il affirmé.
Connie Hedegaard a exprimé cette position à plusieurs reprises face aux menaces de rétorsion des pays hostiles à cette taxation. Mais pour la première fois, un Etat, l'Allemagne, s'effraie des représailles, notamment contre l'avionneur Airbus, et demande à la commissaire de céder.
Le sujet devrait être discuté lors de la réunion des ministres de l'Environnement de l'UE vendredi prochain à Bruxelles.
Connie Hedegaard a jusqu'à présent toujours été soutenue par l'exécutif bruxellois et par son président José Manuel Barroso. Mais la mise en garde formulée vendredi à Berlin pourrait sonner la fin de ce soutien.
Le ministère allemand de l'Economie "porte un regard inquiet sur les développements internationaux" concernant cette taxe, a en effet déclaré un de ses porte-parole, en invitant à reprendre rapidement "des négociations", dont l'objectif devrait être de "désamorcer" le conflit.
Selon le quotidien de Hong Kong South China Morning Post, la compagnie aérienne Hong Kong Airlines, filiale du transporteur chinois Hainan Airlinese, pourrait annuler sa commande de dix gros-porteurs Airbus A380 à cause des tensions entre la Chine et l'Union européenne sur la taxe carbone imposée par Bruxelles aux compagnies.
La commande de Hong Kong Airlines représente 3,8 milliards de dollars à prix catalogue, mis en balance par le gouvernement allemand avec les 256 millions d'euros que la taxe aérienne sur la pollution devrait rapporter à l'UE en 2012, selon la Commission européenne.
La législation européenne, entrée en vigueur le 1er janvier 2012, oblige les compagnies opérant dans l'Union européenne, quelle que soit leur nationalité, à acheter l'équivalent de 15% de leurs émissions de CO2, soit 32 millions de tonnes, pour lutter contre le réchauffement climatique.
26 des 36 membres de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), dont la Chine, les Etats-Unis et la Russie, contestent la mesure.